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EN - Djamel Belmadi: Homme et entraîneur à convictions

par Adjal Lahouari

L'énorme consécration de l'équipe nationale d'Algérie en Egypte devrait servir de base pour progresser plus encore. C'est ce que les observateurs ont sous-entendu à partir des conclusions du coach Djamel Belmadi. Il faut dire que la différence de ce dernier par rapport à ses prédécesseurs, c'est son absence de complexes, l'un des paramètres à l'origine du triomphe en coupe d'Afrique des nations. De tout temps, des observateurs ont rabâché « qu'un grand joueur ne devient pas forcément un grand entraîneur ». C'est un avis qui a trouvé racine dans l'insuccès de certains grands joueurs dans leur seconde vie d'entraîneurs, en citant des exemples il est vrai. Par contre, on pourrait établir une longue liste de joueurs ayant parfaitement réussi leur reconversion. Les qualités et le tempérament du joueur Belmadi ont réapparu lorsqu'il est devenu entraîneur. Les témoignages de ses anciens coéquipiers attestent que l'entraîneur était déjà apparent en tant que joueur, en leur donnant des consignes en plein match, et pas seulement parce qu'il portait le brassard de capitaine. En analysant le jeu développé en Egypte l'été dernier, des experts ont fait un rapprochement que certains jugeront osé et excessif. En effet, les Verts rappellent le système utilisé par Liverpool, vainqueur de la Ligue des champions 2018-2019. A savoir une même densité défensive, des transitions rapides et une efficacité offensive qui a déboussolé leurs adversaires, avec des succès au bout. Entre Liverpool et l'EN algérienne, on conçoit qu'il existe des différences physiques et techniques, mais la comparaison tient la route, même si les adversaires étaient différents. Il est admis que le football n'est pas une science exacte et, de ce fait, il reste constamment ouvert à de nouvelles formes qu'on nomme tactiques. Globalement, de 1863 à nos jours, on a dénombré plus d'une vingtaine de systèmes. En effet, la longue histoire du football est jalonnée de changements, parfois en raison de nouvelles dispositions des lois du jeu le réagissant et, souvent, grâce à des succès d'équipes qui ont fait date dans les annales et qui ont servi d'exemples. Alors, une question vient à l'esprit : Djamel Belmadi peut-il être comparé à Didier Deschamps ? Pour de nombreux experts et observateurs, la réponse est affirmative, ces deux entraîneurs accordant la plus grande importance au résultat. Les « réalistes », eux, affirment que ce sont les palmarès qui marquent l'histoire. Les idéalistes eux, préfèrent retenir le niveau du spectacle et le plaisir qu'il leur procure, ce que soulignent d'ailleurs les médias spécialisés lorsqu'il s'agit de citer les équipes ayant le plus influencé le jeu. Le débat restera constamment ouvert. Ceci dit, la comparaison entre Belmadi et Deschamps s'arrête là. En effet, autant Deschamps n'accorde aucune place à l'affectif dans son travail, s'en tenant à sa seule logique sportive, autant Belmadi est perçu par ses joueurs comme le « grand frère », avec les heureuses répercussions qui s'ensuivent. Les nombreux témoignages des joueurs attestent qu'il a réussi l'exploit d'être aimé, tout en restant très professionnel dans sa mission. Et, dans cette dernière, il s'attèle à inculquer à ses joueurs la culture tactique. On sait que Belmadi a écarté des solistes dont le talent individuel était pourtant incontestable. Pourquoi ? Parce qu'il fonctionne toujours avec ses convictions. Et les résultats, en un temps finalement très court, lui ont donné raison. Il a cherché la complémentarité pour avoir une véritable équipe sous la main. D'aucuns argueront que ce sont les joueurs qui sont sur le terrain. Physiquement, c'est vrai, mais ils y vont avec la conception et les consignes de leur entraîneur, sans oublier les « rectifications » durant la rencontre. Comme quoi, le rôle d'un entraîneur est primordial et explique la surenchère des clubs pour engager un bon entraîneur. Djamel Belmadi en est un, et il faudra l'aider du mieux possible. Il le mérite amplement, car il a replacé le football algérien à un rang envié et appelé à atteindre d'autres paliers.