Nette est l'impression d'une concertation générale entre divers pays pour un déconfinement crescendo. Malgré une situation sanitaire encore catastrophique à travers le monde et un décompte de morts et de contaminés qui ne cesse de s'allonger, de nombreux gouvernements ont décidé de lâcher du lest à leurs populations pour leur permettre de respirer un peu, bien que le danger soit en permanence présent. Dans certaines régions du monde, la situation a atteint un niveau si dramatique qu'on n'en est déjà plus à l'isolation des personnes pour cause de suspicion de contagion que pour des motifs psychiatriques. Ce n'est pas dit haut et fort, mais des cas de tentatives de suicide, d'immolation par le feu ou encore de défenestration sont signalés.

Les Algériens n'en sont pas là, bien que des actes de désespérance ont eu lieu auxquels sont venus s'ajouter des comportements d'écervelés dépassant l'entendement. Si, en effet, l'on devait accorder des circonstances atténuantes à des pères de familles qui vivotent de jour en jour pour atteindre l'exploit de nourrir leurs progénitures, on ne saurait être compatissants avec ceux qui ne se contentent pas de creuser leurs propres tombes mais s'ingénient aussi avec débilité gratuite à forer celles des autres.

D'une manière générale cependant tout le pays a suivi les mesures de sauvegarde, ce qui n'est pas du tout évident. Demander en effet à la population de se cloîtrer chez elle et en même temps lui ordonner de se concentrer dans un temps limité dans les marchés est d'une inconséquence manifeste. Gérer une situation aussi dramatique que celle d'aujourd'hui n'est en effet pas la présentation d'une partition musicale et l'incommensurable difficulté de tous a été de concilier la nécessité d'un harmonieux vivre ensemble tout en s'exigeant les geôles des ermitages. Lourd débat que celui animé autour des recettes des comportements et des positions depuis l'arrivée de la pandémie ! Sérieux dilemme aussi que celui posé par la confrontation des attributs contraires mais soudés qui mènent en même temps avec un certain sadisme vers la vie et la mort. Douloureuse ironie enfin que ce 1er Mai arrivé cette année dégoulinant de contradictions désarmantes pour qu'un deuil soit fêté