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Tourisme: Des travailleurs contractuels en appellent à Tebboune

par Ghania Oukazi

Les travailleurs contractuels du complexe touristique de Sidi Fredj en appellent au président de la République pour que leurs responsables ne mettent pas fin à leurs contrats.

Bien que plusieurs personnes revenues de l'étranger sont retenues dans le silence absolu en confinement dans ses hôtels (H3 et Ryadh), une vive effervescence a secoué, hier, le complexe de Sidi Fredj en raison, nous disent des travailleurs, d'une décision de non renouvellement des contrats de travailleurs activant dans différents services entre autres celui du gardiennage et de la sécurité. « Nous sommes exactement 91 travailleurs dont la plupart ont vu leur contrat renouvelé au moins trois fois mais il y a quelques heures, on a su que nos contrats ne seront pas renouvelés, ce n'est pas juste, nous avons des familles à nourrir(...) », nous a dit hier un travailleur affolé par la nouvelle.

Le nombre de travailleurs qui nous ont interpelés grossissait au fur et à mesure que l'information de non renouvellement se répandait au niveau du complexe. « Mon contrat prend fin aujourd'hui (hier ndlr), j'ai une femme hypertendue, deux enfants malades, une sœur à ma charge, je fais 30 000 DA, si on m'arrête comment voulez-vous que je les fasse manger, si ce n'était pas en temps de corona, je pourrais au moins me débrouiller par-ci par-là, mais les temps sont durs, pourquoi ont-ils choisi ces moments difficiles pour nous arrêter ? », se plaint un jardinier inquiet. «Chacun de nous a déjà travaillé plus de trois ans, récemment nos responsables nous ont dit on va vous rajouter trois mois et vous deviendrez permanents tout de suite après, pourquoi ont-ils changé d'avis ? », ajoute un autre, gardien de parking. Atterrés, ces travailleurs accusent leurs responsables de « profiter de la crise pour se débarrasser de nous ». Tous veulent raconter leur désespoir. « J'ai une licence en sociologie, on m'a recruté comme sous-directeur mais je n'ai jamais travaillé en tant que tel, j'ai accepté de travailler dans le service de nettoiement pourvu qu'ils me paient, même avec un salaire très bas, mais aujourd'hui on nous signifie notre fin de contrat, qu'allons-nous devenir avec nos familles ? », nous fait savoir un agent.

« Le président Tebboune a promis aux travailleurs... »

Rencontré sur les lieux, le responsable de la sécurité nous précise qu'il lui a été remis une liste de onze agents de sécurité dont les contrats arrivent à échéance à différentes dates. «Mais on ne m'a rien dit d'autre(...) », nous a-t-il précisé. «La plupart d'entre nous travaillent depuis bien plus qu'une année, on sait que si on travaille un an et un jour, on devient permanent d'office », indique un agent. Conforté par ses pairs, un d'entre ces travailleurs en colère nous renseigne que « sur les 91 travailleurs contractuels, il y a une quarantaine d'agents de sécurité qui vont être arrêtés parce qu'ils veulent ramener une société de gardiennage privée (...) ». Une voix s'élève « rana mahgorine ! ». Tous sans exception en appellent au président de la République pour les aider à être maintenus à leurs postes et aussi à devenir permanent. « Le président Tebboune a promis aux travailleurs dont les salaires sont faibles de les aider, de protéger leur emploi, d'augmenter leurs salaires de 10%, de supprimer l'IRG à ceux de 30 000 DA et moins, de rendre permanents les contractuels, on le prie de nous aider à garder nos emplois, on a des familles à nourrir, on ne peut rester sans travail, on ne s'en sortira pas », implorent-ils les uns en soutien aux autres.

La nouvelle du non renouvellement est justifiée, nous disent des cadres, par le manque d'argent. « Le complexe ne fait plus rentrer d'argent, on ne peut payer les contractuels », est-il avancé. « L'Etat paie 12 000 DA pour chaque personne placée en confinement dans les hôtels de Sidi Fredj, avec le nombre important de ceux qui sont là, l'argent va rentrer », relèvent des travailleurs qui notent que « la direction a procédé récemment à des recrutements ».

Nous saurons au passage que les 143 personnes retenues au H3 quitteront les lieux aujourd'hui ou demain après avoir terminé leur période de confinement. Il en sera de même pour les 122 qui étaient en confinement à l'hôtel Riadh. Tandis que les 160 retenues au centre de la thalassothérapie sortiront de leur confinement le samedi prochain « parce qu'ils sont venus plus tard que ceux des deux autres établissements », nous est-il dit.

« C'est tout le secteur du tourisme qui est délaissé »

Des cadres de l'hôtel El Manar se disaient hier étonnés de savoir par ces travailleurs que les contrats ne sont plus renouvelés. «La direction n'a reçu aucune instruction pour le leur faire savoir, ni une note verbale ni écrite, si c'est le cas, elle doit au moins en discuter avec l'ensemble des responsables de l'EGT Sidi Fredj et avec le syndicat pour savoir ce qu'elle doit faire », nous dit l'un d'entre eux. Pour eux, « c'est le secteur du tourisme dans son ensemble qui doit être revu, il est totalement déstructuré, délaissé, on peine à entretenir le site à cause du manque de moyens et du désintéressement de ses plus hauts responsables, cette période de confinement devrait nous obliger à mettre en œuvre une stratégie pour sa véritable relance, on doit le préparer pour l'été(...)».

Ce n'est qu'à 15h30 que le PDG de l'EGT Sidi Fredj est rentré à son bureau, nous dit-on, « d'une réunion avec le wali délégué de Zéralda ». Dès sa descente de voiture, il est pris d'assaut par le syndicat de l'entreprise pendant que les travailleurs contractuels étaient tous dehors dans l'espoir d'avoir une réponse positive. Contrainte de bouclage oblige, l'on n'a pu attendre comme eux pour avoir les explications de Abdelkader Alouani, le PDG du complexe touristique, sur ce qu'il en est exactement d'une telle situation.