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Des retraités en colère

par G. O.

Ouled Fayet, localité au sud-ouest de la capitale, risque l'implosion en raison d'une tentative de braquage d'une supérette mais aussi de la fermeture des bureaux de poste.

Depuis quelques jours, plusieurs bureaux de poste ont été pris d'assaut par les retraités en vue de retirer leurs pensions. Ils se mettent généralement les uns derrière les autres et attendent leur tour. Jusque-là, les postes travaillaient avec des portes fermées et faisaient rentrer les usagers un par un ou deux par deux, selon l'espace de travail. Mais hier les retraités ont été pris d'un excès de colère assez rare à cause, disent-ils, «de la fermeture de bureaux de poste à 13h30». Nombreux sont les retraités qui ne savaient pas que «la poste travaillait seulement une demi-journée, personne ne nous l'a dit», se plaignent-ils.

«On en a marre de ce laisser-aller, de ce manque de considération, on attend depuis des heures pour que l'agent de sécurité nous dise qu'ils ne reviendront pas travailler l'après-midi, ce n'est pas normal, c'est de la hogra !», s'est exclamée une dame qui était dans tous ses états. Notre interlocutrice nous a fait savoir qu'elle a été dans la matinée à la poste de Moretti mais «elle était fermée, ils n'ont pas travaillé de la journée alors qu'ils savent que les retraités veulent retirer leur pension, je me suis dirigée vers la poste de Ouled Fayet mais elle était fermée l'après-midi(...), ce n'est pas juste !». De ceux qui attendaient encore sur les lieux, l'on entendait dire que «même avec nos cartes de retrait, on ne peut rien faire parce que les distributeurs sont à l'arrêt». Décision de la tutelle ou à cause d'un manque de liquidités ? «Personne ne sait ! C'est désolant !», nous répond-on.

Au ministre du Travail qui leur a conseillé de ne pas sortir pour éviter la contamination du Covid-19, ils lancent qu' «il nous permette d'avoir nos pensions chez nous, il aurait dû penser à des facteurs (comme dans l'ancien temps) qui fassent le tour des cités et des quartiers». Autrement «avec nos maigres pensions, on ne peut se permettre de faire des procurations à nos enfants, il faut trouver un notaire, le payer et parfois on nous demande deux témoins, il vaut mieux qu'on sorte !», lâchent-ils énervés. Plusieurs d'entre eux sont, disent-ils, «hypo ou hyper-glycémiques, insuffisants cardiaques, enfin atteints de maladies chroniques mais aucun responsable ne s'en soucie !»

Des habitants de Ouled Fayet nous ont affirmé que samedi soir «des jeunes désœuvrés, armés d'épées, ont investi une superette et ont menacé de l'incendier en ouvrant des butanes». Pour nos témoins, «ils voulaient racketter les caisses du propriétaire mais les éléments d'intervention rapide de la gendarme sont intervenus et appréhendé les suspects». Dimanche, les mêmes brigades encadraient le quartier, «on a deux voitures calcinées», nous disent nos interlocuteurs. Pour certains d'entre eux, «Ouled Fayet est au bord de l'implosion, ajouté à cela la fermeture des deux bureaux de poste, les retraités paient le prix lourd du service minimum qui a été décidé par le ministère de tutelle !». Ils en appellent «au sens de la responsabilité du président Tebboune pour interdire aux employés des services publics de ne pas profiter de la détresse générale des gens !»