Lors de la
dernière réunion du Conseil des ministres, une décision de réduire le coût des
importations de 41 à 31 milliards de dollars a été prise. En filigrane, on
devine facilement que la production nationale est le créneau n°1 sur lequel mise l'exécutif pour rééquilibrer une balance
commerciale, tout le temps déficitaire, et ramener la facture de l'importation
à son plus bas taux. N'importe quel expert dira que c'est possible, mais la
question qui se pose est la suivante : le pays est-il vraiment préparé en
termes d'infrastructures de base, de cabinets d'études, d'engineering agricole
et industriel, de stratégies incitatives d'investissement, etc., de nature à
réaliser cette transition vers une économie de production et de «création de
richesses» digne de ce nom ? La question reste, hélas, «en attente» ! Pour
preuve, déjà, on parle de «loi de finances complémentaire» pour affronter cette
période de «vaches maigres» où, sans doute, tant de sacrifices seront demandés
au petit-peuple ! En tout cas, le message est clair : il faut se serrer la
ceinture ! Jusqu'à quand ? Encore une autre question-piège ! Et nous revoilà en
route vers des plans d'austérité drastiques, où les couches «moyennes» et les
plus défavorisées de la société laisseront tant de plumes. Cela est d'autant
plus dramatique que les prix du baril du pétrole continuent leur chute libre et
le risque de contamination par le coronavirus est monté au niveau 3. Ce qui, en
langage sanitaire, peut impliquer dans les semaines qui viennent des mesures de
confinement total à travers tout le territoire national, avec toutes les
retombées négatives sur le tissu économique, déjà combien fragile. Bref, les
voyants sont au jaune et tous les yeux de ceux-bas sont braqués vers le palais
d'El-Mouradia et le «plan B» de Tebboune
pour s'en sortir. Mais y a-t-il solution-miracle à
cette crise avec un baril à 30 ou 40 dollars, quand on sait qu'en pleine
période d'opulence financière où le baril se vendait à 130 dollars, personne
n'a pu rien faire ? Certains diront que c'est «la corruption
institutionnalisée» en mode de gouvernance par l'ancien régime qui a saboté
notre décollage économique, mais la réalité, c'est qu'en plus de cette tare
rédhibitoire reliée à l'économie de la rente, on constate aussi le manque
d'études prospectives sur l'avenir. Autrement dit, depuis des décennies, tout
est fait sur l'à-peu-près et l'approximatif : pas de sondages, pas de chiffres
fiables, pas d'études ni de statistiques, moins encore de stratégies sûres sur
le moyen et long terme ! Or, si, aujourd'hui par exemple, il est question de
«prévention sanitaire» pour éradiquer cette pandémie mortelle du virus corona
qui menace la planète entière, hier il s'agissait surtout de «prévention
économique» pour s'épargner les dégâts collatéraux (et qui ne sont pas des
moindres) d'un autre virus «la rente pétrolière», qu'on risque de subir
durement aujourd'hui...