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Amnesty International: «Les manifestants pacifiques doivent être libérés»

par R. N.

«Les autorités algériennes doivent libérer immédiatement et sans condition, tous les manifestants pacifiques arrêtés uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique», a déclaré Amnesty International, dans un communiqué publié vendredi. L'ONG rappelle qu'«au lendemain de l'élection présidentielle», «au moins 76 personnes ont été arrêtées de manière arbitraire». «Des militants de la société civile, des journalistes et des leaders politiques comptent parmi ceux qui sont inculpés de diverses charges fondées sur des infractions figurant dans le Code pénal, notamment «attroupement non armé», «atteinte à la sécurité nationale», «atteinte au moral de l'armée» et «outrage à des fonctionnaires».

Pour Philip Luther, directeur des recherches et des actions de plaidoyer pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, à Amnesty International, «les autorités algériennes brandissent la menace de procès au pénal contre des dizaines de manifestants pacifiques, visiblement dans le but d'intimider et de faire taire les voix critiques». Ajoutant que «persécuter des manifestants pacifiques n'est, certainement, pas la réponse qu'attendent les Algériennes et les Algériens qui descendent dans les rues et réclament des réformes de grande envergure.» Selon Amnesty International, citant «les organisations locales de défense des Droits humains et les avocats qui observent la situation sur le terrain», depuis le début des manifestations contre le 5e mandat, en février 2019, «le nombre total de poursuites engagées contre des manifestants pacifiques a dépassé 1.400».Un an plus tard, les arrestations se poursuivent. «Le 29 février, lors d'une autre manifestation, à Alger, un groupe de 56 manifestants pacifiques ont été arrêtés de manière arbitraire».

Amnesty International affirme suivre «le procès de plusieurs manifestants, dont ceux du leader politique Karim Tabbou et du président de l'Association de la société civile Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), Abdelouahab Fersaoui». L'ONG «a interviewé Raouf Rais, un manifestant pacifique, arrêté lors d'une manifestation le 1er novembre 2019 et maintenu en détention provisoire pendant deux mois, à la prison d'El Harrach». «Il a été déclaré coupable d'atteinte à la sécurité nationale pour avoir brandi le drapeau amazigh et condamné à deux mois de prison avec sursis. Il a ensuite été relâché le jour du jugement. Son audience en appel est fixée au 26 mars». «Nous demandons aux autorités algériennes de cesser immédiatement leur campagne d'arrestations et de poursuites arbitraires» et de libérer «sans conditions» toutes les personnes «détenues uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique», ajoute le communiqué d'Amnesty International.