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Faut-il en rire ? ou pleurer ?

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Dans une vidéo relayée par une chaîne de télé privée (off-shore) friande de tels propos, un membre du Conseil de la nation, un encore tout jeune alors qu'on s'attendait à entendre un « sage » (un « vieux » quoi ! Encore que, avec le système Boutef', il fallait s'attendre à tout, de la part de tous), a demandé (face au ministre de l'Enseignement supérieur qui n'avait alors pu se retenir de « rire sous cape », se demandant certainement ce qu'il faisait là) la création d'une Université? « non mixte ». Rien que ça ! Les raisons avancées ne sont pas liées à la croissance démographique du sexe dit « faible ». Pas plus qu'à sa présence quasi majoritaire dans les amphis. Pas plus qu'aux difficultés rencontrées lors des déplacements. Pas plus qu'aux nuisances rencontrée en cours de déplacements (dont le harcèlement). Pas plus. Pas du tout. La raison ? L'A.m.o.u.r ! Sacré Cupidon, toujours sur le front, depuis des millénaires !

Il a affirmé, très sérieusement, que 11,06% (seulement !) des relations amoureuses (à l'Université) se terminent par le mariage, alors que plus de 88% se terminent par un échec. Bien sûr, il ne précise pas où et quand et par qui et avec quelle approche méthodologique les chiffres ont été récoltés. Une étude universitaire ? Ayant enseigné près de cinquante ans en licence et en post-universitaire et encadré des travaux de recherche et participé à des jurys, on sait comment les choses se passent mal ou de manière médiocre, bien plus par le manque de moyens et le manque de « répondant » (des citoyens comme des institutions), avec des « enquêtes » (pour la plupart mais malheureusement pas toutes) très parcellaires, entreprises à la « va-vite », surtout avec les amis, la famille et les copains et copines.

De plus, aborder le problème de l'Université algérienne (c'est peut-être ça qui a « provoqué », par la suite, l'emportement du ministre, en ce qui concerne le niveau des enseignants. Il est vrai, il faut l'avouer, qu'il y avait de quoi « sortir de ses gonds », bien que cela ne soit pas excusable) en revenant sur un phantasme d'ordre sexuel (si, au moins, il y avait d'autres arguments) déjà mille et une fois avancé par les « qui vous savez ».

Allons-nous avancer en reculant ? Je me souviens de ma première inscription à l'Université d'Alger (63). La cité universitaire de Ben Aknoun était mixte avec des pavillons pour garçons, des pavillons pour filles et un pavillon pour couples. Jamais entendu parler d'un problème. Quant aux échecs matrimoniaux, il faut surtout voir du côté des hommes, surtout ceux qui, frustrés quelque part, découvrent soudainement les avantages du « pouvoir » (de l'argent ou de la fonction) et des médias surtout quand des élections se profilent à l'horizon. Oubliant que, bientôt, « yetnahaw gaa » !