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BARRICADES INOPERANTES

par Abdou BENABBOU

Plus de 2.200 morts et le décompte est loin de s'arrêter. Le monde entier a noué avec une situation digne d'une fiction cauchemardesque où la vie humaine n'est plus qu'un phénomène de pacotille et des populations par millions ne savent plus à quel saint se vouer. Ce que l'on considérait comme un vent mystérieux désagrégeant une petite contrée chinoise s'avère être maintenant une damnation qui frappe à toutes les portes et assiège les régions hier encore les mieux protégées et les plus rassurées.

Au cœur de l'Europe, au nord de l'Italie, des villes et des villages en état de siège imposé, stoppant net la vie en communauté, se soumettent à un emprisonnement d'un nouveau genre. Ecoles, marchés, cafés, stades et administrations cadenassés offrent un spectacle que même les bourrasques historiques de la peste n'avaient pas eu le loisir d'étaler.

Catastrophisme déclaré ou présumé ? Penchant vers le mauvais augure ? Les faits sont accablants et on a du mal à se représenter le coronavirus comme un drame des temps les plus reculés de l'humanité en contradiction avec les phénoménaux progrès humains jusqu'au point de domestiquer la Lune.

Mais le poids de l'accablement de ceux qui sont cloîtrés de la Chine à l'Italie et la menace qui pèse sur chacun à quelque endroit du monde qu'il soit est une grande leçon de vie et de pondération pour que l'espèce humaine soit consciente de ses limites. Elle renvoie à l'inconsistance de ces autres murs et barricades inopérants que les hommes érigent contre leurs prochains par racisme ou par xénophobie. Devenu petit village, le monde par la force implacable de la nature est soumis, qu'il le veuille ou non, à la dictature de la proximité humaine.

Le coronavirus va certainement élargir et étaler ses maléfices dans toutes les régions du monde. Son flux migratoire risque d'endolorir sérieusement les cinq continents dans tous les domaines. En comparaison, les prétendus dangers que représenterait celui des humains mu par la misère et le sous-développement ne sont que de mauvaises allégories produites par les échappatoires de la petitesse.