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Accords d'association avec l'UE et de la zone de libre-échange arabe: L'Algérie a mal négocié

par Houari Barti

La directrice de la Chambre algérienne du commerce et d'industrie, Mme Wahiba Bahloul, juge nécessaire de revoir les accords d'association avec l'Union européenne (UE) et de la zone de libre-échange arabe, reprenant ainsi une position déjà exprimée par plusieurs experts algériens, à savoir qu'ils ont été «mal négociés».

Signé en 2002 et entré en vigueur depuis 2005, l'accord d'association Algérie-UE a en effet fait l'objet, en 15 ans d'existence, de critiques acerbes parce que, et c'est un secret de polichinelle, mal négocié par la partie algérienne. Une vérité rappelée une fois encore hier par la directrice de la Chambre algérienne du commerce et de l'industrie, Mme Wahiba Bahloul, à l'émission de la Radio algérienne, «L'invité de la rédaction» de la Chaîne 3.

Premier argument de Mme Bahloul, une perte fiscale pour l'Algérie estimée à plus de deux milliards de dollars, sans contrepartie, en raison, soutient-elle, d'une mauvaise application de l'accord. L'invité de la rédaction juge ainsi capitale d'en revoir les clauses, du fait, souligne-t-elle, que ses aspects relatifs à l'investissement n'ont pas été pris en compte par l'UE, «parce que mal négociés» par la partie algérienne. Si l'on a mal négocié, explique-t-elle, c'est, principalement, en raison du contexte politique qui régnait alors en Algérie. Un contexte, rappelons-le, marqué par une crise multidimensionnelle : d'un côté la sortie d'une décennie de rupture totale avec l'extérieur et d'une isolation sur la scène politique internationale due au terrorisme qui a déstabilisé et fragilisé le pays sur tous les plans, et d'un autre, une balance commerciale du pays qui a demeuré défavorable avec des exportations hors hydrocarbures insignifiantes et des factures d'importation lourdes.

Pour la directrice de la Chambre algérienne du commerce et de l'industrie, il faudrait, donc, remettre en question le contenu de cet accord, d'autant, indique-t-elle, que le programme du gouvernement incite à le faire.

S'agissant de l'accord avec la Zone arabe de libre-échange, la directrice de la CACI dira: «Nous avons pris le train en marche et il nous a été demandé de l'appliquer immédiatement, alors que nous n'étions pas préparés». Pour Mme Bahloul, cet accord a été aussi «mal négocié» citant dans ce cadre l'exemple des marchandises égyptiennes et jordaniennes qui ont pénétré le pays au détriment de celles produites localement. Cette pénétration a obligé l'Algérie à établir une liste négative pour protéger le produit local, a-t-elle rappelé. Pour la révision de ces accords, elle a, enfin, estimé qu'il était nécessaire d'impliquer les opérateurs économiques dans le cadre d'une approche basée sur la concertation.

En revanche, elle a noté que pour la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), l'Algérie a été impliquée dans le processus du début jusqu'à la fin, ce qui lui a permis d'évaluer les atouts et les faiblesses de l'intégration à cette zone.

Il est à rappeler que le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a recommandé au gouvernement lors du dernier Conseil des ministres de faire une «évaluation rigoureuse et objective» des effets des accords commerciaux déjà conclus ou ceux encore en discussion sur l'économie nationale, tout en soulignant que la politique du commerce extérieur doit faire l'objet de mécanismes de concertation sectorielle plus renforcés.

Pour sa part, le ministre délégué au Commerce extérieur, M. Aïssa Bekkai, a précisé récemment à propos de l'accord d'association avec l'Union européenne que l'Algérie est en droit d'en extraire les règles. Pour le ministre, dans cet accord, de nombreux points se sont révélés négatifs pour notre économie. C'est pourquoi la révision de certaines dispositions est urgente, d'autant qu'à partir de septembre 2021 de nombreux produits issus de l'espace européen et destinés à l'exportation vers l'Algérie ne seront soumis à aucun tarif douanier.