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Crise libyenne: Un conflit naît dans les laboratoires américains ?

par G. O.

La complexité et la gravité de la crise libyenne laissent sceptique quant à sa solution à court et moyen termes, même si les pays occidentaux qui l'ont provoquée semblent accepter de lever quelque peu la main sur sa gestion militaire.

La décision de réfléchir à mettre fin au conflit libyen semble avoir pris naissance dans les laboratoires américains. C'est ce que l'on peut apprendre du livre de Mourad El Hattab que lui- même a présenté dans une émission française, en décembre dernier.

Le titre du livre est «Seif El Islam Kadhafi, un rêve d'avenir pour la Libye» et pose la question «pourquoi les gens qui combattent en Libye se retrouvent-ils avec des armes françaises?»

Connu pour être «conseiller et expert en investissement stratégique et intelligence économique», Mourad El Hattab, a tracé la trame complexe du conflit libyen en soutenant que «tout est sourcé» pour en déduire que «la guerre en Libye (l'intervention militaire de l'OTAN) a été un crime !». Avant toute chose, l'auteur se présente comme «ami» de Seif El Islam Kadhafi, fils du défunt Colonel Maâmar Kadhafi. Il rappelle que Seif El Islam Kadhafi a été incarcéré entre 2011 et 2017. A sa libération, il a été élu à la tête du Conseil des tribus libyennes. L'auteur estime qu'il est ainsi «le seul légitime» autour duquel le dénouement de la crise libyenne peut se produire. Pour situer les nouveaux développements de la situation en Libye, El Hattab note que des conseillers adjoints américains à la sécurité intérieure ont réuni «récemment (fin de l'année 2019 ndlr)» à l'ambassade américaine à Tripoli, le maréchal Khalifa Haftar qu'il qualifie de «citoyen américain et d'ancien agent de la CIA» et «commandant d'une association de combattants en Libye» pour lui intimer «gentiment» l'ordre de déposer les armes. Il a fait part dans ce sens d'«un communiqué rendu public par le département d'Etat américain qui évite d'en préciser le lieu.» Il a souligné que «la majorité des combattants en Libye sont des mercenaires, que ce soit du côté de Haftar ou d'Esseraj». Il estime qu'«il n'y a pas d'armée conventionnelle parce qu'il n'y a pas d'Etat». Pour lui «c'est un conflit de factions étrangères et non inter-libyen». En fait foi, entre autres, son exemple de l'existence en Libye «de drones chinois payés par les Emiratis pour Haftar contre des drones turcs pour Esseraj». Si, dit El Hattab «les Etats-Unis demandent à Haftar d'arrêter son offensive c'est à cause de ses échecs militaires». Le président américain, Donald Trump veut aussi, selon lui «lâcher les djihadistes pour préserver les intérêts géostratégiques de son pays». L'administration américaine a demandé, dit-il «certes à Haftar de cesser la guerre mais elle le ménage pour qu'il ne se rapproche pas de la Russie ou de la Chine.» Pour lui, «il faut équilibrer les luttes pour amener la raison comme l'a fait la Russie en Syrie». Il affirme que «les Américains ne veulent pas de partition en Libye».

El Hattab pense que «une paix des braves va s'organiser avec le soutien de la France, l'Italie et même la Grèce». La conférence de Berlin s'en est faite l'écho sur fond de volonté occidentale de mettre en avant les pays voisins de la Libye. L'auteur plaide pour «un consensus autour d'une personne centrale et légitime, Seif El Islam Kadhafi» parce qu'il fédère d'importantes tribus libyennes. Il le voit bien président. Il évoquera Haftar et Esseraj comme étant de «remarquables gestionnaires du pétrole pour financer la guerre»...