Loin du Hirak populaire qui, pour l'instant, fait «match nul» avec
le pouvoir, même si ce dernier multiplie les offres politiques de charme pour
se dégager de l'impasse héritée de l'ancien Régime, la Rue gronde. Il ne se
passe pas une journée sans que l'on signale des routes bloquées, des sièges
d'APC cadenassés, des sit-in et autres protestas aux quatre coins du pays.
Soixante ans après le recouvrement du soleil de la liberté, la satisfaction des
besoins primaires des populations reste la revendication leitmotiv des
populations aux quatre coins du pays. C'est que la rue, ce dévidoir social par
vocation, se réveille dans un gigantesque geyser de colère, alors que la
nouvelle équipe gouvernementale n'a pas encore annoncé sa nouvelle thérapie
pour dégager le pays d'une dangereuse zone de turbulences.
Les
mauvaises conditions économiques et sociales risquent bien de brouiller la vue
au nouveau cabinet gouvernemental, d'autant plus que seul un «remède de cheval»
peut remettre en marche la gigantesque machine en
panne qu'est l'Algérie, d'aujourd'hui. Et même si le commun des Algériens ne
voit pas la pilule passer avec des impôts et taxes inscrits au titre de la Loi
de finances 2020, les «mesures-bouclier» prises par le gouvernement comme
l'autorisation d'importation de véhicules touristiques d'occasion ou le projet
à venir de la suppression de l'IRG pour certaines catégories de bas revenus,
l'urgence est d'adosser un pompier à chaque pyromane en puissance, tant la conjoncture
sociale laisse présager des jours douloureux. En attendant, il s'agira pour le
nouvel exécutif de surveiller, comme du lait sur le feu, toute velléité,
délibérée ou pas, de titiller le détonateur d'une bombe sociale qui garde
encore intactes toutes ses capacités de nuisance. Parce que concilier un
immense chantier politique en cours, une politique économique performante avec
une justice sociale acceptée de tous, n'est-ce-pas là, à dire vrai, la plus
exaltante des œuvres humaines dignes d'un prix Nobel d'économie !