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Crise libyenne: L'Algérie et l'Italie partagent «une vision commune»

par R. N.

Le maréchal Khalifa Haftar s'est dit prêt à participer à la conférence internationale sur la Libye, prévue dimanche prochain à Berlin, et à contribuer au succès de cette rencontre, a affirmé jeudi le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas. «Il (Haftar) a promis de respecter le cessez-le-feu sans tenir compte du fait qu'il n'avait pas signé l'accord de cessez-le-feu à Moscou plus tôt cette semaine. C'est extrêmement important», a ajouté le chef de la diplomatie allemande.

Le président du Conseil présidentiel du Gouvernement d'union nationale (GNA) libyen, Fayez al-Sarraj, a également annoncé qu'il prendra part à la conférence internationale sur la Libye prévue demain à Berlin. «Nous allons être présents à Berlin», a déclaré jeudi M. al-Sarraj lors d'une réunion avec les membres du GNA et d'autres responsables et militaires. Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a appelé, mercredi, «à soutenir fermement» la conférence de paix pour la Libye et a invité les belligérants à confirmer la cessation des hostilités, dans un rapport remis au Conseil de sécurité de l'ONU. Plusieurs pays prendront part à cette conférence aux côtés de l'ONU, l'Algérie, la Russie, la Turquie, les Etats-Unis, la Chine, l'Italie et la France.

A l'issue de ses entretiens avec le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, le président du Conseil italien, Giuseppe Conte, a affirmé jeudi à Alger que «l'Algérie et l'Italie partagent une vision et une approche communes en ce qui concerne la question libyenne». «Nous devons faire confiance aux instruments de la diplomatie qui sont toujours plus efficaces que les armes, parce qu'ils offrent une option de paix et de stabilité», a-t-il affirmé. Lors des entretiens, les deux parties ont convenu, concernant le dossier libyen, «d'intensifier les efforts et de renforcer la coordination et la concertation pour pérenniser le cessez-le-feu en vigueur en vue de faciliter les voies de reprise du dialogue entre les parties en conflit et relancer le processus de paix parrainé par l'ONU, en vue de préserver l'intégrité territoriale, la souveraineté de la Libye et l'unité de son peuple, loin de toute ingérence militaire étrangère». Outre le dossier libyen, les discussions entre MM. Tebboune et Conte ont porté sur «les relations bilatérales multidimensionnelles et exceptionnelles, traduites particulièrement par la concertation régulière et le dialogue stratégique entre les deux pays».

«Rétablir les équilibres»

De sont côté, le président du Haut Conseil d'Etat libyen, Khaled Al-Machri a considéré, qui était l'invité jeudi de l'émission «L'Histoire en marche» de la Chaîne III, que l'Algérie était «la seule puissance arabe capable de rétablir les équilibres» dans le dossier libyen, se félicitant du «retour de la diplomatie algérienne» sur la scène libyenne.

M. Al-Machri a fait état de «la préparation d'une visite à Alger d'une délégation du Haut Conseil d'Etat de la Libye pour expliquer tous les tenants et aboutissants du conflit libyen, à l'ensemble des forces partisanes, parlementaires et populaires». Concernant le cessez-le-feu et le refus du maréchal Khalifa Haftar de signer l'accord à Moscou, le président du Haut Conseil de l'Etat libyen a expliqué qu»'en dépit de la remise officielle du document à toutes les parties, deux jours avant la date de sa signature, le maréchal Haftar a évoqué lors de la cérémonie des réserves, alors que nous (Gouvernement d'entente) avions accepté le pari pour parvenir à une solution consensuelle et mettre fin au conflit». «Même si nous avons été surpris par l'annonce que le maréchal Haftar demandait plus de temps, nous avons tenu à signer en exigeant qu'aucun changement ne soit apporté aux dispositions de l'accord de cessez-le-feu», a-t-il ajouté affirmant que par ce geste «le Gouvernement d'entente a voulu démontrer sa volonté de préserver les vies des Libyens et de protéger leurs biens». Pour le président du Haut Conseil d'Etat libyen, «le délai demandé par Haftar n'est qu'une manœuvre pour gagner du temps», car, a-t-il dit, «nous ne voyons aucun empêchement à cet accord, mais pensons, en revanche, que les appuis de Haftar ont encore l'espoir de le voir s'emparer de la capitale Tripoli ou de la région ouest (Misrata et Zaouïa)». Il a ajouté que le refus de signature «est en réalité la décision de puissances qui n'ont cure de l'intérêt de la Libye et qui ne veulent nullement que les peuples arabes jouissent de stabilité et accèdent à des élections démocratiques».