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Pêche anarchique, pollution: Les professionnels interpellent le nouveau ministre

par M. Aziza

Le Syndicat des marins-pêcheurs revient à la charge pour dénoncer le déversement de produits toxiques et pétrochimiques dans les cours d'eau, principalement dans les oueds de la wilaya de Skikda, qui ont entraîné vers la fin de la semaine passée la mort de poisons. Le président du Comité national des marins-pêcheurs, Bellout Hocine, interpelle à ce sujet les autorités notamment le nouveau ministre, Sid Ahmed Ferroukhi, en précisant que la qualité des eaux n'est pas contrôlée vigoureusement dans les oueds et dans les espaces marins, ce qui explique la mort de poissons, la semaine dernière à Oued Safsaf (Skikda). Selon ces propos, l'hypothèse la plus plausible pour expliquer la mort de ces poissons est «le déversement des produits pétrochimiques du complexe de liquéfaction du gaz naturel (GNL) de Skikda». M. Bellout a affirmé que la situation dans plusieurs oueds est préoccupante à Skikda, que ce soit à Oued Safsaf, à Oued Zermana ou à Oued Sherka. « Seul Oued Flifla va bénéficier d'une station d'épuration prochainement », précise-t-il. Pour le président du Comité national des marins-pêcheurs, la pollution marine ou des oueds ne se limite pas à la ville côtière de Skikda. Il précise que le poisson se fait de plus en plus rare en Algérie. Et de rappeler que les marins-pêcheurs n'ont pas cessé d'exprimer leurs inquiétudes en demandant, à maintes reprises, de protéger les régions côtières et les zones maritimes où sont implantées les entreprises industrielles et celles des hydrocarbures, à l'image de Skikda, Annaba et Arzew à Oran. Il a tenu à affirmer que certains ports de pêche, à l'instar de celui de Stora à Skikda ou la pêcherie d'Alger sont devenus des décharges publiques, sans parler des déversements des eaux usées dans certains ports et certains espaces maritimes.

Le président du comité affirme que la toxicité des déchets déversés extermine les espèces ou les pousse à fuir, notamment la sardine. Cette dernière est très sensible à la pollution. Il précise en outre, qu'actuellement, « pas moins de 11 espèces marines sont en voie d'extinction ». A cela s'ajoute le non-respect des tailles marchandes du poisson pêché. La taille minimale fixée pour la sardine est de 11 cm, mais on trouve souvent sur les marchés des quantités dont la longueur ne dépasse pas les 4 cm. C'est aussi le cas pour d'autres espèces. Pour Bellout, ces pratiques, dénoncées à maintes reprises, représentent une menace directe sur différentes espèces marines, empêchées d'atteindre leur maturité et entravant ainsi leur cycle de reproduction. «Pour redresser la barre d'un secteur qui compte 33 ports de pêche, 65.000 marins-pécheurs et 6.250 unités de pêche et avec un littoral étendu sur près de 1.200 km de côte, une direction de la pêche ne suffit pas. Il faut tout un département pour mettre de l'ordre dans un secteur qui s'est noyé dans l'anarchie depuis des années», dit notre interlocuteur. Et d'ajouter que le ministre «Sid Ahmed Ferroukhi connaît parfaitement les problèmes du secteur, avec l'aide de tous les acteurs du secteur, il pourra redresser la barre». Il faut juste et en premier lieu «appliquer rigoureusement la législation en vigueur dans le domaine de la pêche pour mettre fin aux graves dépassements qui affectent les ressources halieutiques nationales».