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L'ONU, UNE GALERIE MARCHANDE

par Abdou BENABBOU

Le général De Gaule l'avait appelé «machin». Il n'avait pas tort. Donald Trump a tout l'air de la dénommer «truc». Il a toutes les raisons de penser que la dénomination lui sied à merveille. L'Organisation des Nations Unies prouve avec constance qu'elle est machin et truc en même temps.

Une dizaine de pays et non des moindres ont vu à leur grand désarroi qu'ils avaient perdu la faculté de prendre part à toutes élections en égarant leurs droits de voter au sein de cette institution à cause d'une histoire de contributions financières qu'ils n'arrivaient plus à honorer. Le dernier en date est le Liban qui considère le gel de sa participation comme un avilissement à la limite de la damnation. Avec les autres damnés, bien lui en prend, car à juste peser le poids de l'Organisation, il a tort de considérer que son isolement a quelconque incidence sur la marche du monde tant et si bien que l'ONU est devenue effectivement un faire-valoir à mille lieues des tractations et des manœuvres en aparté des Etats et son rôle se limite, aujourd'hui comme hier, à entretenir des recommandations et des résolutions sans aucun effet. Elle est indéniablement une galerie marchande où le plus fort payant a le loisir d'infléchir l'issue des tractations et de se permettre de passer outre quand ses intérêts ne sont pas garantis.

On se demande en effet de quel poids et de quelle arme pourraient se prévaloir les humbles Lesotho, Gambie, Tonga, Yémen et les autres écartés pour peser sur l'ordre mondial, si ce n'est que leur présence ne sert qu'à justifier le mauvais décor d'une scène planétaire au bord de la catastrophe. Il y a bien sûr la nécessité de financer les différents tentacules onusiens qui sont censés agir dans différents domaines pour le bien de l'humanité, mais on doit reconnaître que eux aussi ne sont que l'affirmation du déploiement des constats figés.

Les quotes-parts financières exigées des différents membres de l'organisation s'avèreraient être un engagement à une bien curieuse plaisanterie internationale puisque votants ou pas, le droit de parole n'a qu'un caractère évanescent.     

Le Liban, la Centrafrique, les Tonga, le Venezuela, le Yémen, la Gambie et le Lesotho ont eu des raisons légitimes de préférer lever le pied plutôt que la main.