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Jour du scrutin: Marches et échauffourées à Alger

par M. Mehdi

  Jeudi 12 décembre, dans la capitale, l'attraction n'était pas dans les urnes. Une journée marquée par une forte mobilisation contre le scrutin, et une répression particulièrement impressionnante de la police contre des manifestants pacifiques scandant des slogans anti-vote. Sous la surveillance de plusieurs hélicoptères qui ont survolé Alger (de Belouizdad à la Place des Martyrs) depuis 7h30.

Dans les rues d'Alger, en particulier Hassiba Ben Bouali, Didouche Mourad, Place Audin et la Grande Poste, des centaines de manifestants, devenus des milliers, ont fait un «échauffement» avant la traditionnelle marche du vendredi. Sous une forte présence policière dans tous les coins, des centaines de manifestants ont envahi le centre de la capitale, dès 10h, venant de la Place 1er Mai et Hassiba Ben Bouali, avant que leur nombre ne passe à des milliers, deux heures plus tard.

Une imposante manifestation a débuté dès 10h environ sur la rue Didouche Mourad. Des manifestants venant, comme un vendredi, du haut de Didouche, mais également d'autres quartiers comme Place du 1er Mai, Belouizdad, via Victor Hugo et le quartier Ferhat Boussad (ex-Meissonnier), et un peu plus tard via Bab El Oued et La Casbah.

La police antiémeutes a usé des matraques dès les premiers moments du rassemblement à la rue Didouche, mais aussi vers midi lorsque d'autres flux humains étaient arrivés.

La tactique était aussi d'empêcher les flux de manifestants de former un seul bloc (Didouche, El Khatabi, Grande Poste). Des « barrages » de policiers anti-émeute étaient placés à plusieurs endroits pour réduire les contacts des flux humains provenant des rues Belouizdad/Hassiba, Zighoud Youcef/Larbi Ben M'Hidi, vers Didouche/Grande Poste. Cela n'a pas empêché le nombre de manifestants de grossir et de devenir dense vers 12h30.

Vers 13h, après la prière de Dohr à la mosquée Rahma, qui a connu une plus grande affluence que d'habitude, les policiers ont bloqué l'accès à la rue Didouche Mourad via les ruelles perpendiculaires (provenant de Khelifa Boukhalfa).

Ne donnant à la foule qu'une seule issue de rejoindre l'avenue Abdelkrim El Khattabi (prolongement de la rue Didouche en allant vers la Grande Poste).

A noter que l'accès à la rue Pasteur a été également fermé par des dizaines de policiers antiémeutes, tout comme le tunnel des facultés reliant cette rue à la Place Audin.

Forte répression

Vers midi, on signale des affrontements violents entre des jeunes manifestants et des policiers antiémeutes en faction devant une école primaire, El Miradj, située à Ali Boumendjel dans la basse Casbah, où se déroulait le vote. On ne sait pas si ces affrontements, particulièrement violents (avec jets d'objets métalliques contre les policiers), ont fait des blessés parmi ces derniers ou parmi les jeunes.

A 15h30, et plus tard, il y avait encore du monde à la Grande Poste et sur Didouche. La police n'a pas pu contenir ces flux dignes des marches de vendredi. Ailleurs, aucune marche n'était signalée dans d'autres quartiers de la capitale, comme Kouba, Hussein Dey. En fait, de très nombreux habitants de ces quartiers sont venus grossir le nombre de manifestants au centre d'Alger.

Aux environs de 16h, deux grandes masses humaines de manifestants arrivent à passer les cordons policiers qui les séparaient sur l'avenue El Khattabi et la Grande Poste.

A 17h30, la mobilisation était aussi importante, avant que les policiers ne redoublent de férocité en n'hésitant pas de faire usage de leurs matraques pour disperser les manifestants. Selon différents témoignages, vers 20h, des heurts se déroulaient à Belouizdad entre de jeunes manifestants et des éléments de la police antiémeutes.

A noter que la veille, en début de soirée, la police antiémeutes a chargé des dizaines de manifestants, encore, à la Place 1er Mai après la marche de ce mercredi 11 décembre 2019.