Il fut un temps où on ameutait par vagues de bus
entiers, des gens ramenés de tous les coins de la wilaya, rien que pour remplir
les salles, lors d'un meeting électoral ou au cours d'une visite d'un chef d'un
parti politique. On se bousculait, on guettait l'arrivée du leader,
l'information circulait en grande vitesse, tout était réglé à la minute près
pour que la kermesse électorale soit au goût du candidat. Aujourd'hui, la donne
a changé, tant les candidats à la présidentielle prévue le 12 décembre 2019
peinent à trouver leurs marques, à qui s'adresser, «un chat échaudé en vaut
deux», les gens restent rétifs à l'idée d'aller écouter la dissertation de l'un
d'eux, si ce dernier se présente. La campagne électorale peine à se lancer à
Tébessa, à l'instar d'autres villes du pays. Les panneaux d'affichage,
instruments de propagande électorale demeurent étrangement nus, les permanences
des candidats censées animer la scène sont elles aussi aux abonnés absents. On
fait dans la discrétion, faute de mieux, la rue observe le manège, dans une
attitude de réticence, les candidats se font rares et leur présence est plus
que nécessaire, s'ils ont un discours à transmettre, à expliquer le pourquoi et
le comment de leur entrée en lice, dans ces joutes électorales cruciales pour
le pays, à argumenter chiffres à l'appui les grandes lignes de leurs programmes
électoraux respectifs.
La ligne droite de la fin de la campagne électorale
commence à poindre à l'horizon, très peu d'animation, comme si la campagne
s'inscrit dans la perspective d'une corvée à expédier au plus vite. Pendant ce
temps-là, les gens vaquent à leurs affaires d'une quotidienneté plus que morose
en se posant des questions : les prochaines présidentielles seront-elles
l'issue salvatrice d'une crise multiforme et l'ouverture d'une nouvelle page de
l'histoire de l'Algérie ?