La wilaya de Tlemcen vient de bénéficier
d'une enveloppe financière de près de 8,4 milliards de dinars pour soutenir le
programme d'urgence mis en œuvre pour l'approvisionnement en eau des habitants
durant la période des travaux de réhabilitation de la station de dessalement de
Souk Tleta qui a cessé totalement son activité de
production le 1er octobre dernier, a-t-on appris ce dimanche auprès de M.
Abdelkader Meksi, directeur des ressources en eau de
la wilaya, qui a précisé que «le programme en question consiste à apporter un
volume de l'ordre de 49.000 m3/j, grâce à la réalisation de conduites de
transfert sur une distance de 45 km à partir de Béni-Khellad
jusqu'à Nedroma, la réalisation et la réhabilitation
d'une dizaine de forages à Nedroma, Bab El-Assa, Bouhlou et Boussaïd ainsi que l'amélioration des rendements des
systèmes de distribution existants». Il faut rappeler dans ce cadre que la station, en difficulté
depuis sa mise en service en avril 2011, connaît des perturbations et incidents
techniques récurrents, résultant principalement du défaut de design dans le
prétraitement et d'une exploitation et maintenance défaillantes.
Une première rectification a été entreprise entre 2013
et 2014 par l'exploitant HTA, relatif au remplacement des membranes UF (ultra
filtration) et par l'augmentation du nombre de membranes RO par train. Mais,
des dommages irréversibles sont apparus dès le mois de février 2015 et une
dégradation graduelle de la production et de la qualité de l'eau dessalée a été
enregistrée suite au défaut de design et de dysfonctionnement. Il est à noter
également que le financement de ce projet, qui s'inscrit dans le cadre des
investissements directs étrangers, a été assuré à 80% par la Banque nationale
d'Algérie. «Cette infrastructure hydraulique n'a jamais répondu aux clauses
contractuelles tant sur le plan de la quantité que de la qualité de l'eau
devant être fournie à la population. Au lieu d'une production répondant à la
capacité théorique prévue de 200.000 m3/j, cette station a été inaugurée avec
un niveau de production de l'ordre de 160.000 m3/j. Une première alerte sur les
faibles performances a été enregistrée en 2015 où il a été enregistré
uniquement une production de 80.000 m3/j. A cette époque, les services du
ministère des Ressources en eau sont intervenus pour apporter un premier
soutien aux habitants des zones frontalières, en affectant un volume de 20.000
m3/j à partir du barrage de Béni-Bahdel au moment où
ce dernier était programmé pour répondre aux besoins exclusifs du périmètre
irrigué de Maghnia d'une superficie de 4.500
hectares. Ce périmètre irrigué a bénéficié récemment d'un important financement
de l'ordre de 4,5 milliards de dinars pour son réhabilitation. Cette situation
de dégradation substantielle de la station de dessalement de Souk Tleta a eu des conséquences négatives sur les 300.000
habitants des zones frontalières de la wilaya et sur le plan de l'irrigation
durant les campagnes agricoles 2017-2018 et le début de l'année 2019, ce qui
s'est traduit par un rétrécissement des superficies irriguées, soit à peine
1.500 hectares», a expliqué M. Abdelkader Meksi. Devant cette situation préoccupante vivement exprimée par les
autorités de la wilaya, les départements ministériels de l'Intérieur, des
Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, et des Ressources en
eau ont mis en œuvre un premier programme d'urgence d'un montant de 1 milliard
de dinars, ce qui a permis de mobiliser un nouvel apport de 100.000 m3/j pour
l'ensemble du territoire de la wilaya dont 45.000 m3/j au seul bénéfice des
localités de la zone ouest de la wilaya qui étaient desservies exclusivement à
partir de la station de Souk Tleta. Selon M. Meksi, ce programme a été établi en vue de permettre le
démarrage de la station de Souk Tleta avant la saison
estivale 2020. Mais, durant le dernier trimestre de l'année en cours, les
pouvoirs publics ont abouti à la conclusion consistant à mettre en place un
réel plan de sauvetage de l'AEP des populations, à cause des travaux de
réhabilitation de cette station qui ne pouvaient aboutir à court terme. Et
c'est ce qui a amené le ministre de l'Intérieur à prendre sa décision pour
l'accompagnement de la wilaya et la mise en place d'un programme d'urgence pour
répondre aux besoins de court et moyen terme. Ce montant n'a pu être obtenu que
grâce aux efforts déployés par le premier responsable de la wilaya qui a su
convaincre les hautes instances du pays sur la nécessité de dégager les fonds
pour pallier à l'arrêt inévitable de cette station, qui approvisionne en eau
potable une partie importante de la population de la wilaya de Tlemcen. Au vu
de l'importance de ces travaux et compte tenu des impératifs des délais, il
serait judicieux de confier l'exécution de ces travaux aux entreprises
performantes et expérimentées, telles que Cosider, Sogherwit ou Foremhyd, qui sont à
même de répondre aux espoirs tant attendus des habitants de la wilaya, sachant
que ces grandes sociétés connaissent des difficultés dans leurs fonctionnements
et plans de charge qui se réduisent de plus en plus, à cause de la crise
économique qui sévit actuellement.