«Je lance cet appel solennel à toutes les personnes
éprises de justice pour leur demander de bien vouloir intervenir pour faire
cesser le traitement arbitraire et lever une injustice immense envers notre
société MedSanté. Cette injustice met en danger
l'existence de notre société, mais encore plus terrible, la santé et la vie de
beaucoup de nos concitoyens malades en souffrance sur tout le territoire
national», écrit M. Abdelkader Meddane, responsable
de la société Eurl MedSanté,
qui active dans le matériel et le consommable médicochirurgical et dentaire
(siège social à Tlemcen). En effet, dans une lettre adressée au ministre de la
Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelkader Meddane (87 ans) informe que sa société est victime d'un
grave acharnement. «Notre petite société MedSanté
opère dans le secteur des dispositifs médicaux, mais elle subit un étranglement
progressif depuis l'année 2009, avec un paroxysme en 2016, 2017, 2018 et 2019.
Aujourd'hui, nous sommes en novembre 2019, et nous attendons toujours des
programmes prévisionnels d'importation 2019 censés être obtenus au plus tard le
mois de décembre 2018 et ce, pour être en mesure d'honorer des commandes
urgentes et reconstituer le stock de sécurité. En raison de
ces retards inexpliqués de délivrance de nos PPI, les guides SP médicaux sont
bloqués sous douane depuis décembre 2018, les packs de CEC Medos
en situation de pénurie depuis plusieurs mois sont bloqués sous douane au port
d'Oran depuis fin septembre 2019, les stents
coronaires actifs CRE8, les meilleurs et les moins chers, sont bloqués chez le
transitaire du fournisseur depuis juillet 2019, les valves cardiaques ON-X dont
l'utilité est énorme sont bloquées chez le transitaire du fournisseur depuis
juillet 2019, la colle chirurgicale Bioglue qui sauve
des vies et qui est attendue par plusieurs centres dont l'EHS Abderrahmani et l'hôpital central de l'armée, est bloquée
chez le transitaire du fournisseur depuis juillet 2019, les ballons de Numed dont le BIB balloon et le
ballonnet de Rashkind qui est utilisé dans l'atrioseptostomie salvatrice chez les bébés naissant avec
une transposition de gros vaisseaux est attendu par plusieurs centres dont le
CMC de Bou-Ismaïl. Tout cela est associé à des épreuves récurrentes
d'humiliations, de va-et-vient inutiles entre Tlemcen et Alger, et de stress
aussi bien pour nous que pour nos partenaires locaux et étrangers. La
conséquence est que ça a réduit fortement notre activité et nous empêche
purement et simplement de participer à de nombreux appels d'offres et
consultations. Car les établissements hospitaliers privilégient très souvent
les soumissionnaires qui proposent un délai de livraison immédiat que nous
sommes incapables d'assurer au vu des blocages de nos marchandises que nous
subissons», affirme-t-il. Fortement touché dans sa dignité, il ajoute : «Si
l'on s'en tient à la finalité des PPI, qui, au lieu d'être un outil permettant
d'approcher et de gérer les besoins prévisionnels annuels de toutes les
structures de santé, et de fournir un outil puissant de contrôle des prix pour
nos douaniers, en attendant l'élaboration de la grille des prix de référence
par notre ministère, on se rend compte que cette procédure n'a pas du tout
l'objectif prévu par la loi sanitaire. Bien au contraire, elle tend à favoriser
injustement certains acteurs aux dépens des autres, ce qui, in fine, restreint
la concurrence saine et entraîne des prix plus chers pour les dispositifs
médicaux et une dilapidation des deniers publics. Cela sans compter les graves
injustices et les humiliations à répétition que subissent les opérateurs concernés.
Cette procédure des PPI n'est encadrée par aucune base juridique puisque
l'importation des dispositifs médicaux n'est soumise ni à des licences ni
régulée par des quotas. D'ailleurs, nous devons signaler que nous n'avons
trouvé pareille procédure dans aucun autre pays ! De plus, nous sommes surpris
de voir que ces blocages sont apparus curieusement depuis que nous avons
commencé à signaler une situation de monopole régnant sur l'importation du
consommable d'hémodialyse». «Récemment, j'ai appris qu'une fillette de 4 mois,
atteinte d'une cardiopathie congénitale grave, est décédée car elle n'a pas pu
être opérée à cause de la pénurie de packs de CEC nourrisson qui dure depuis
juillet 2019. Une question s'impose d'elle-même : combien d'enfants et de nourrissons
ont connu le même sort à cause de ces pénuries graves ? Alors que les packs de
CEC sont arbitrairement bloqués sous douane à Oran depuis la fin de septembre
2019. Ces situations durables de pénuries encouragent les importations non
déclarées et frauduleuses».