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L'URGENT ET LE MIEUX A FAIRE

par Abdou BENABBOU

C'est fait. Il ne pouvait en être autrement que d'adopter le projet de la loi de finances 2020 même si au détour de quelques points les députés se sont contentés d'apporter de petits amendements pour marquer une présence parlementaire. Il faut bien que la loi passe pour respecter une procédure et une obligation constitutionnelle, us et pratiques de fin d'année incontournables. Un peu comme se plierait un automobiliste pour s'alimenter en carburant nécessaire à la traversée d'un espace limité en temps et dans la distance. Il y aura toujours en cours de route une opportunité offerte par une loi complémentaire pour une retouche brodée.

Le parcours est cependant long et la nébulosité aux relents acides qui pèse sur la société algérienne ne peut se suffire d'une loi de finances toujours élaborée en fonction de la météo économique et sociale.

Parer au plus pressé semble s'imposer comme un leitmotiv aux gouvernants mais par de nombreux aspects, dans l'ensemble et dans le détail, la nouvelle loi est loin d'être en conformité avec la phénoménale lourdeur des problèmes que vit l'Algérie aujourd'hui. On ne redresse pas l'économie d'un pays en se suffisant de lancer des clins d'œil appuyés à l'adresse d'investisseurs étrangers hypothétiques et continuer à faire peser une chape de plomb fiscale sur des entreprises nationales qui sont en passe de mettre la clé sous le paillasson. On peut comprendre que l'Etat veuille répondre aux alarmes lancées par la caisse des retraites, mais répondre à son naufrage par l'asphyxie fiscale des entrepreneurs algériens n'est pas la bonne réponse. Pousser au chômage des milliers de contributeurs et chloroformer le marché du travail est une inconséquence. L'urgent et le mieux à faire aujourd'hui ne serait pas de faire les yeux doux à de nouveaux investisseurs fantomatiques mais de libérer de leurs pressantes contraintes les opérateurs qui suent sur le terrain pour préserver encore le pain de leurs employés.

On ne consolide pas un pays en jouant à un jeu d'échecs primaire avec la déferlante d'une jeunesse diplômée que livrent chaque année les universités et accorder en même temps un butin de guerre à des ministères qui ne sont que des coquilles vides.