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L'opposition bolivienne révèle son vrai visage

par Kharroubi Habib

Quand ont démarré en Bolivie les protestations de rue contre le résultat de l'élection présidentielle, nous écrivions qu'elles donnaient le coup d'envoi à une contre-révolution dont le mode opératoire a été calqué sur le scénario tenté au Venezuela pour faire tomber le président Nicolas Maduro. L'enchaînement des évènements en Bolivie a démontré l'exactitude du diagnostic ainsi fait de ce qui a été mis en marche pour jeter le discrédit sur le scrutin présidentiel et acculer le président réélu Evo Morales à la démission.

La contestation qui a enflammé les rues boliviennes à l'annonce de la victoire de Morales n'a rien eu de spontanée et de populaire. L'opération a été préalablement planifiée et a donné lieu à une distribution des rôles qui l'a fait apparaître comme telle. L'opposition a fait descendre ses partisans dans la rue avec pour instruction de créer un climat insurrectionnel qui créditerait la vision d'un peuple en insurrection. Dans le même temps, ses sponsors et inspirateurs étrangers ont sans avancer la moindre preuve proclamé l'irrégularité du scrutin et pris fait et cause pour ses revendications.

Il faut mettre au crédit d'Evo Morales qu'il a choisi de se démettre plutôt que de plonger son pays dans la guerre civile qui compte tenu des partisans dont il dispose aurait été inéluctable. Dès lors, la contre-révolution en Bolivie a pris le pouvoir au détriment de l'ordre constitutionnel. Elle a en effet investi l'une de ses figures en qualité de présidente par intérim du pays sans l'aval préalable du Parlement bolivien. Les anti-Morales ont désormais champ libre pour organiser un nouveau scrutin présidentiel qui se conclura par un résultat à leur convenance.

Ce qui se passe en Bolivie vient confirmer que l'Amérique latine est loin de s'être émancipée de la tutelle de son puissant voisin nord-américain et de la doctrine Monroe faisant d'elle son arrière-cour et son pré carré. Tous les dirigeants latino-américains qui ont œuvré ou œuvrent encore pour cette émancipation se sont heurtés à des contestations entretenues par des oppositions dont la vassalisation à Washington s'exprime ouvertement et est leur seule raison d'être. La doctrine Monroe qui a imposé la tutelle américaine aux « latinos » ne recourt plus aux coups d'Etat militaires qui ont fait la triste renommée de l'Amérique latine mais à l'instrumentalisation d'oppositions dont les capacités de déstabilisation sont surmultipliées par les pressions étouffantes exercées par le puissant voisin nordiste sur les économies de leurs pays respectifs. Ce qui crée des situations dont elles profitent pour induire en erreur les populations sur les véritables raisons qui en sont la cause.

Quand elles parviennent au pouvoir, ces mêmes oppositions s'empressent de livrer leurs pays à la prédation étrangère, américaine en l'occurrence, et de renvoyer leurs peuples à l'état de soumission dont leurs ex-dirigeants anti-impérialistes ont cherché parfois certes maladroitement à les en sortir. Mais la défaite ou la déchéance de ces derniers n'est qu'une péripétie dans le combat des peuples latino-américains pour leur émancipation finale et inéluctable.