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Alors que la grève continue: Les magistrats accusés de rébellion

par Z. Mehdaoui

Le ministère de la Justice enfonce le clou et accuse les magistrats grévistes d'entrer en rébellion. C'est, en effet, une accusation lourde qu'a lancée, hier, le directeur général des Affaires judiciaires et juridiques,

M. Abdelhafid Djerir sur les ondes de la radio Chaîne 3.

Invité de l'émission «l'invité de la rédaction», le représentant du ministère de la Justice n'a pas été tendre et a critiqué sévèrement le mouvement de contestation des magistrats lancé le 28 octobre dernier. «Nous sommes, dit-il, dans la rébellion, dans la désobéissance», ajoutant ne pas comprendre que des juges «garants du respect des lois de la République agissent de la sorte ».

Abdelhafid Djerir affirme que les revendications du SNM ne sont pas précises, ajoutant que lors des discussions avec le Syndicat de la magistrature, autant les aspects salariaux, les conditions de travail que les « questions qui fâchent », avaient été évoquées pourtant.

Le représentant du ministère de la Justice ira encore loin en révélant ce qu'il qualifie de « secret professionnel ». En effet il a souligné que les magistrats veulent tous exercer dans le nord du pays. « Beaucoup de magistrats ayant formulé une demande voulaient être mutés dans des villes du nord du pays », a déclaré Abdelhafid Djerir qui a tenu à rappeler qu'il est d'usage que le ministère opère un mouvement ordinaire des juges, en signalant au passage que durant l'année en cours, ce dernier a reçu 1.297 demandes de mutation. L'invité de la Chaine 3 a annoncé, toutefois, que les portes du dialogue « restent ouvertes », en précisant que la chancellerie est prête à examiner tous les recours formulés par les magistrats s'estimant lésés.

Il déclare, en outre, comprendre « la détresse » dans laquelle ont été placés les magistrats, tout comme la justesse de leurs revendications socioprofessionnelles. En « commun accord », poursuit-il, des solutions seront trouvées entre eux et le ministère.

En dépit de ces assurances, ministère de la justice et magistrats semblent croiser le fer. Les deux parties qui n'ont pas fermé les portes du dialogue campent, cependant, sur leurs positions initiales. La déclaration du représentant du ministère de la Justice intervient au lendemain de la levée de bouclier du Syndicat national des magistrats (SNM) qui a clairement menacé de provoquer une tempête dans le cas où la tutelle prendrait des mesures contre les grévistes.

«En l'absence d'une solution à la crise, le mouvement de protestation se poursuivra avec la même cadence, tout en veillant à plus de discipline afin d'éviter tout dérapage potentiel, en faisant face aux mesures d'improvisation prises par le ministère », a annoncé dans un communiqué le Syndicat qui souligne, toutefois, que le SNM saluera toute initiative susceptible d'aider à résoudre la crise et dans les meilleurs délais. Les magistrats soutiennent que leurs revendications n'ont aucun caractère personnel ou corporatiste. «Les magistrats ne sont pas une bande ni les résidus de la bande. Ils veulent l'instauration d'une justice indépendante», note le communiqué du SNM qui s'interroge, par ailleurs, sur le « silence bizarre et incompréhensif » des institutions de l'Etat et de l'opinion publique.