Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Soutien sans complaisance d'Aït Larbi aux magistrats en grève

par Kharroubi Habib

L'avocat et défenseur des droits de l'homme Mokrane Aït Larbi a prodigué un soutien remarqué aux magistrats qui observent une grève générale paralysante de l'appareil judiciaire du pays en protestation contre le mouvement opéré par leur ministre de tutelle mais dont ils contestent à la fois et l'opportunité et l'unilatéralité de la décision qui en a été à l'origine. Aït Larbi a explicité son soutien aux magistrats en grève en faisant valoir que la grève générale suivie à 98% par eux constitue « une première dans l'histoire de la justice en Algérie et que leur adhésion massive est une preuve irréfragable des difficultés quotidiennes et des pressions qu'exerce le pouvoir politique à travers le ministère de la Justice ».

Il leur a part ailleurs souligné la constance de son soutien à l'égard de leurs revendications sociales et professionnelles notamment celle en rapport avec l'indépendance de la justice. A ces magistrats, l'avocat en connaisseur avéré des arcanes de l'appareil judiciaire a toutefois asséné que « leurs problèmes professionnels et leur sujétion viennent moins du pouvoir exécutif que de la faiblesse du pouvoir judiciaire ». Une faiblesse qui selon lui a pour cause l'acceptation par nombre d'entre ces magistrats, en raison d'ambitions personnelles, de la « justice de Allah Ghaleb », la « justice du téléphone » et celle de la « nuit ». A leur syndicat qui a initié la grève générale, Mokrane Aït Larbi a rappelé que jusqu'à une date récente a plus défendu le ministère de la Justice qu'il ne défend les magistrats en raison d'intérêts étroits et immédiats.

Pour l'avocat et défenseur des droits de l'homme, « l'indépendance de la justice ne vient pas par décret mais exige une culture de l'indépendance, de la résistance et du sacrifice ». Ce qui est façon de faire sous-entendre que le corps des magistrats a besoin d'une véritable révolution en matière d'éthique et d'engagement dans la défense de l'indépendance de la justice.

La grève qu'observe la majorité des magistrats est probablement l'indice encourageant qu'ils ont pris conscience que leur corps est « malade et décrié » pour sa soumission aux injonctions et l'exécution de celles-ci par ceux d'entre eux, une minorité comme souligné par Mokrane Aït Larbi.

L'opinion algérienne comme celui-ci exprime son franc soutien au mouvement de protestation et de contestation des magistrats en espérant qu'il n'a pas pour unique moteur des revendications en rapport avec les désagréments subis par les uns et les autres à travers le chamboulement décidé dans leur corps par le ministre de la Justice, mais qu'il s'élargisse pour faire valoir le droit à l'instauration d'un pouvoir de la justice fonctionnant en toute indépendance et s'exerçant selon ce principe et en toute équité. C'est bien cette justice-là que réclame le mouvement populaire avec force et sans varier depuis qu'il a provoqué le tsunami qui a emporté le régime dont l'un des piliers majeurs a été justement une justice aux ordres et soumise.