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Skikda: Dépossédés de leur camp de toile, les travailleurs de l'ONAB crient au scandale

par A.Boudrouma

Habitués à passer leurs vacances dans le camp de toile dressé sur le terrain de Oued El Gat, jouxtant la fameuse plage Ben M'hidi, les travailleurs de l'Office national des aliments du bétail (ONAB) unité de Skikda ne pourront plus profiter de cet espace de détente, suite à la cession du terrain par les autorités locales au profit d'un investisseur privé.

Le terrain en question faisant partie des réserves foncières communales a été attribué, durant l'année 1990, à l'ONAB par l'APC de Fil Fila dans le cadre de ses prérogatives et sur la base de sa délibération portant N°55/90 datée du 25/10/1990.

Depuis, ce sont les œuvres sociales de l'ONAB qui géraient le camp de toile habituellement occupé par les travailleurs et leurs familles qui ont pris l'habitude d'investir les lieux durant toute la saison estivale. Afin d'obtenir l'acte de propriété, l'ONAB s'est retournée vers l'APC de Fil Fila qui n'a pas été en mesure d'honorer la vente par un acte en omettant de transmettre en temps opportun le dossier portant sur la transaction sur le terrain de 2 hectares au service des domaines de la wilaya de Skikda. C'est ce qui a poussé l'ONAB à intenter une action devant le tribunal administratif pour contraindre l'APC de Fil Fila à formaliser l'opération de vente au niveau de la direction des domaines.

L'ONAB obtiendra gain de cause par un arrêt rendu par le tribunal administratif en date du 07/05/2012 obligeant l'APC de Fil Fila à finaliser la procédure de cession du terrain au profit de l'ONAB. Les responsables de cet office ne voyant rien venir de concret, prennent attache en 2015 directement avec la direction des domaines pour demander la régularisation de la vente par un acte mais cette fois-ci encore l'administration continuera à faire la sourde oreille et ne daignera même pas répondre à la requête. Pourtant, pour des raisons qui restent à élucider, alors que l'ONAB multipliait les contacts à tous les niveaux pour régulariser le terrain qui lui a été cédé régulièrement et dont elle a pris possession, voilà qu'elle apprend que le terrain en question a été attribué à une tierce partie sans le moindre égard, ni la moindre notification sur une éventuelle dépossession ce qui a été qualifié par les travailleurs «d'abus de pouvoir flagrant et de hogra pure et simple qu'ils dénoncent avec force».

Un des travailleurs qui nous a remis tout un dossier au sujet de l'affaire, a révélé que le «directeur d'unité (ONAB) est bien allé voir l'ex-wali de Skikda pour lui demander de stopper la procédure de cession illégale au profit d'un autre opérateur mais que ce dernier a refusé prétextant que c'est une zone touristique et l'investisseur à qui le terrain a été vendu a présenté un projet bien plus intéressant que le camp de toile de l'ONAB. Il ne manquera tout de même pas de recommander au directeur de l'ONAB d'aller prospecter ailleurs à la recherche d'un autre terrain à titre de dédommagement où il bénéficiera de toutes les facilités pour son acquisition? ». Cela n'a pas été du goût de l'ONAB qui n'a pas voulu céder d'un iota de ses droits sur le terrain.

Une autre action en justice devra être intentée incessamment. Les travailleurs de leur côté se disent scandalisés pour avoir été spoliés d'un terrain qu'ils occupent et exploitent depuis des décennies comme camp de toile et affirment «avoir été victimes d'une grave injustice commise à leur égard en avantageant curieusement un promoteur privé au détriment d'une entreprise publique telle que l'ONAB qui dispose pourtant de toutes les pièces nécessaires justifiant qu'il s'agit bel et bien d'un scandale qui ne dit pas son nom», a conclu un autre travailleur déprimé qui a souhaité que l'ONAB récupère rapidement son terrain pour mettre fin à «cette affaire».