Invité par l'Institut Cervantès d'Oran, à l'occasion de la vente dédicace de son livre intitulé ?Juan Griego', le célèbre styliste espagnol Adolfo Dominguez découvre, pour la première fois, l'Algérie et en particulier Oran, une ville qu'il trouve très belle et accueillante. Rencontré, la semaine dernière à l'hôtel Royal Oran, l'artiste de renommée internationale, n'a pas hésité à se confier sur les moments forts de son expérience artistique et sur sa carrière de 50 longues années, passées dans la création et l'innovation au service de la mode. Fils de tailleur, Adolfo Dominguez Fernando est né le 14 mai 1950, dans le nord ouest de l'Espagne, plus précisément à Puebla de Trivas. « Mon père était un tailleur, il avait un atelier et avait commencé avec rien », s'est confié Adolpho. « Toutefois, il avait percé et avec l'aide de ma mère qui s'occupait de l'aspect commercial, mes parents ont fait évoluer cette boutique qui, au fil des années, s'est transformée en une véritable industrie » et dont le talentueux créateur est fier de cette réussite familiale.

« Mon père était l'industriel et maman le commercial », raconte-t-il. Il évoque le décès de son père survenu en 1975 lors d'un accident de la route, une époque difficile qu'il raconte avec douleur. En 1968, Adolfo Dominguez part étudier à Paris à l'Université de Vincennes 8. Il voit éclore son âme d'artiste pendant ses études de design et de cinématographie. Après sa formation et un voyage déterminant à Londres, il rentre dans sa Galice natale et reprend l'entreprise familiale qu'il développe pour la hisser au rang qu'elle a atteint aujourd'hui : l'industrie Adolfo Dominguez, une marque de mode internationale. « Tout influe ? Tout et rien », dira-t-il. Reconnu pour la qualité et l'élégance de ses créations, il produit et distribue prêt-à-porter et accessoires pour hommes, femmes et enfants. La marque Adolpfo Dominguez est devenue une société internationale de mode et d'accessoires de toute première qualité, véritable référence d'élégance et de style. Par ailleurs, et face aux progrès technologiques, l'industrie Adolfo Dominguez doit s'adapter et de ce fait le processus de digitalisation s'impose plus que jamais explique-t-il. « Mon but est de digitaliser toute cette industrie, autrement dit, numériser la vente et la commercialisation de tous nos produits, ajoute-t-il. Le projet a été déjà lancé, en septembre dernier par ma fille qui est ingénieure spécialiste dans le domaine digital. « La première boutique en ligne a été lancée en septembre et nous comptons lancer une autre boutique en ligne en Amérique Latine. « Dans cinq ans toutes nous boutiques seront digitalisées ».

A vrai dire, le défi est grand et l'entrepreneur compte le relever avec l'aide de ses trois filles dont chacune a un poste clé au sein de cet empire familial. « Pour vivre et aussi garantir la pérennité de toute son industrie, le styliste le fait savoir « Il faut s'adapter». Libre et nourri d'une vision profonde, l'amoureux des Lettres appelle à aimer ce que l'on fait et la chose la plus importante, selon lui est de connaître, de trouver, de s'efforcer et aussi d'étudier. Tout en jouant l'audace, Adolfo affirme son inclination pour le naturel, les matières brutes, leurs imperfections poétiques exaltées par un sens raffiné de la coupe, pour lui tout a une âme, une histoire, une poésie. Il a obtenu de nombreux prix dont le Lifetime Achievement (Miami Fashion Week) et l'Aiguille d'Or du ministère de la Culture espagnole, en reconnaissance pour sa contribution culturelle et artistique. En 2014, l'Espagne couronne l'artiste du prestigieux ?Prix National du Design' pour sa contribution à la mode. Il a habillé la reine d'Espagne, les acteurs de la série Miami Vice, le chanteur Prince, Paul Mac Cartney, Mile Davis et autres stars de cinéma. Ainsi et après cinquante années passées dans la mode, le styliste se découvre une autre passion qui est l'écriture. C'est désormais mon objectif dira, en toute modestie, l'artiste à la renommée internationale et dont l'entreprise compte plus de 500 points de vente dans 40 pays. Après 3 jours passés à Oran, il se rendra à Alger pour une vente dédicace de son livre.