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LA FISCALITE ET L'INFORMEL

par Abdou BENABBOU

Comme de coutume, à la veille de l'adoption d'une nouvelle loi de finances, les débats et les analyses sur la fiscalité se multiplient. Chacun y va avec ses chiffres dont on ne connaît pas la provenance et le plus légitimement du monde ce sont ceux dits experts chargés de surveiller le feu sur lequel est posée la marmite qui sont les plus bavards. Ils donnent des indications et des données approximatives et évasives sans vraiment savoir la nature de ce que contient l'ustensile.

Le phénomène sidérant de l'activité informelle revient au pas de charge dans les bouches pour porter des accusations évasives et trop légères contre l'incapacité de l'administration fiscale à développer une politique efficace sur le rendre gorge pour que le premier devoir du civisme ait un sens.

12.000 milliards de dinars, semble-t-il, s'évaporent chaque année pour aller remplir les sachets en plastique et se nicher dans les commerces de l'ombre. Cette somme, dit-on avec sérieux, est équivalente à la moitié du budget de l'Etat. On se demande d'où une telle affirmation a-t-elle puisé son fondement lorsque les échanges informels sont par définition de l'ordre d'un nébuleux factage.

S'empêtrer dans ce débat à la limite de l'aléatoire serait de toute évidence éviter d'aller au fond du problème. La vérité est que la culture rentière et la fiscalité ne peuvent pas faire bon ménage. En persistant à les unir, elles enfantent des allergies souvent justifiées quand l'argent du Trésor public est jeté par les fenêtres et quand ceux qui en ont la garde ne sont pas armés d'une légitimité conséquente.

Il ne s'agit nullement de remettre en cause le bien-fondé de la politique sociale. C'est plutôt de sa recette délurée que se nourrissent les fraudes fiscales et les réticences les plus variées face à l'impôt. Celui-ci n'a de valeur et de sens que quand il auréole la saine sueur et promoteur de l'effort collectif. S'il ne sert seulement que de s'investir comme outil pour garantir une aléatoire paix sociale au lieu d'être une couronne d'or pour la gouvernance, les bavardages sur une politique fiscale deviennent inutiles.