Les
familles recasées dans le théâtre plein air, situé dans la localité de
Trouville, sur le territoire du chef-lieu de la daïra d'Aïn
El Turck, sont sortis de leurs gonds pour revendiquer
leur relogement, lors d'un rassemblement, devant le siège de la daïra. «Nous
avons été gavés à satiété, jusqu'à en mettre des rôts, par des promesses
formulées au cours de plus d'une décennie par les pouvoirs publics. Nous avons
perdu espoir en attendant un hypothétique relogement. La dernière fois, soit
plus de deux ans auparavant, les responsables concernés nous ont annoncé que
notre calvaire va s'achever avec notre relogement dans une cité à Tlélat. Ils ont prétendu qu'il s'agissait d'un quota
supplémentaire, accordé par la wilaya d'Oran, pour évacuer les lieux afin de
procéder à leur réhabilitation. Une chimère de plus ! Nous n'y croirons que
lorsqu'on nous remet les clés de nos logements, que nous estimons être un droit
absolu » se sont indignés, en écho, des familles sinistrées recasées dans ledit
théâtre. Il importe de noter qu'un peu plus d'une année plus tôt, les services
de l'Apc ont, en effet, décidé de recenser les
familles qui occupent ces lieux, une demi-douzaine environ, dans le but de leur
évacuation (information rapportée par ?Le Quotidien d'Oran') synonyme de leur
fin de calvaire à travers leur relogement. Rappelons, également dans la foulée
que, trois ans auparavant, des familles sinistrées qui occupaient des
constructions illicites, érigées dans la localité La Madrague et dont les
masures ont été ciblées par une opération de démolition initiée par le wali d'Oran,
ont été recasées dans les dépendances de ce joyau de la Culture, avec des
promesses de relogement, dans les plus brefs délais. Malheureusement, ces
familles, qui ont accueilli cette nouvelle avec la plus grande satisfaction ont
finalement désenchanté en ne voyant rien venir depuis. Entre temps, ce lieu de
culture se réduit insidieusement, comme une peau de chagrin. Selon le piteux
constat, ce patrimoine culturel est lamentablement livré aux mignardises de la
nature et aux actes de vandalisme depuis plusieurs années et semble, à priori,
avoir tendance à se transformer en un bidonville, à l'exemple de tant d'autres
biens communaux essaimés à travers la contrée côtière d'Aïn
El Turck. «C'est inadmissible de laisser ce bel
patrimoine, qui représente tout un pan de l'histoire contemporaine de cette
région, se détériorer ainsi sans susciter une quelconque réaction chez les
responsables concernés», se sont insurgé des riverains, vivement désappointés,
de ladite localité, abordés à ce sujet par «Le Quotidien d'Oran» avant de
renchérir «c'est une structure qui ne demande par une opération de restauration
de grande envergure. Quelques retouches seulement, raisonnablement étudiées,
suffiraient à lui redorer son blason, qui n'est pas complètement terni pour le
moment. Il peut être récupérable si l'on daigne se pencher sur la question dans
les plus brefs délais avant qu'il ne soit trop tard ». Le même son de cloche
s'est fait entendre à ce propos chez d'autres simples citoyens, jaloux des
richesses culturelles que renferme cette contrée. Notons encore que le navrant
sordide dans lequel végète ce théâtre va crescendo à la faveur d'une insolente
indifférence et la stupide absence, ne serait-ce que d'un zeste d'acquis de
conscience des uns et des autres. Il y a lieu de rappeler que, ce théâtre a
abrité vers la fin des années 1980 le Festival de la chanson oranaise avec la
participation des ténors de la musique du terroir de la région ouest du pays.
Naguère, il a aussi égayé les soirées durant les saisons estivales et les mois
sacrés de Ramadhan. Comble de l'ironie, en l'absence d'un lieu adéquat, les
responsables locaux ont depuis le squat de ce théâtre, concocté des activités
culturelles sur ce qui reste des piteuse esplanades de la municipalité d'Aïn El Turck. L'une d'entre
elles, en l'occurrence la Place du 1er novembre 1954, a désormais été
transformée en marché aux puces et en parking sauvage, ce qui rétrécit,
déplorablement, le choix d'un lieu adéquat, devant accueillir un quelconque
évènement culturel.
Sur
la place d'Aïn El Turck,
nombreux sont qui s'interrogent sur l'insolente passivité des responsables, qui
se sont succédé aux destinées de la municipalité, chef-lieu, qui a enfanté de
cet exécrable état de fait et ce, avec tous les impacts indésirables sur le
volet de l'animation culturelle à la faveur de la descente aux enfers de ce
joyau culturel, représentant tout un pan de l'histoire contemporaine de cette
partie de la wilaya d'Oran.