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L'ECOLE QUI TUE

par Abdou BENABBOU

Il n'est pas exagéré d'accuser l'école d'assassinat lorsqu'un élève est tué par l'effondrement d'un de ses murs. Le drame qui a emporté le petit collégien de 12 ans au cœur d'un CEM sétifien dimanche ne se soumet à aucun qualificatif concevable tant il est inouï. Survenu le jour même où la grande famille de l'éducation fêtait sa journée, ni accident et encore moins incident, il livre avec une terrible intrusion la confirmation de ce que l'école algérienne a de branquignol. La raison ne peut en aucun cas admettre que la première institution censée donner la vie se transforme on ne sait par quelle malédiction en faucheuse. Il ne s'agit pas seulement d'un mur qui s'effondre tuant un enfant, mais c'est l'image d'un temple du savoir qui s'écroule amplifiant la déconfiture d'un secteur que l'on savait déjà mis à mal.

Etant trop larges et diffuses, on aura du mal à situer les responsabilités et l'on guidera les parents de l'enfant vers le couloir outrageusement usité de la fatalité alors que le décompte des inconsciences ne cesse pas de pulvériser la raison et la conformité. Il s'agit bien sûr d'un manque d'entretien et d'une absence évidente de suivi auxquels les responsables du collège ne se sont pas pliés. Mais les causes du drame ne sont pas aussi sommaires qu'elles paraissent. Faute de disponibilités et d'aisance variée, il est inopportun d'exiger d'un directeur d'école une circonspection aussi primaire qu'elle puisse être quand il est forcé d'exiger de ses élèves de se prémunir avec leur propre craie ou de leur intimer l'obligation de réparer une vitre cassée à leurs frais.

Quand survient une lourde bourde du genre qui tue, elle percute le lot affligeant des inconséquences pour confirmer une gouvernance désastreuse qui a privilégié l'érection des manoirs huppés d'Etat au détriment d'anodines mais combien essentielles commodités pour l'éducation et le savoir.

A cause d'une phénoménale gabegie, s'inquiéter du devenir de l'école algérienne s'assimilait à un blasphème et on ne sait pas si ses murs et ses fondements vont cesser leur cruauté.