Le nouvel impôt sur le patrimoine prévu dans la loi de finances 2020 va à l'évidence ouvrir une boîte de Pandore. Dite d'abord taxe sur les biens immobiliers, sa dénomination semble avoir été élargie dans sa consistance pour signifier qu'il s'agit plus exactement d'un impôt sur la fortune. On attendra les textes qui expliqueront son application dans le détail, mais on peut d'ores et déjà imaginer le casse-tête qu'affrontera le fisc pour s'acquitter avec équité et intelligence de cette nouvelle tâche.

Pour garantir l'efficacité d'une entreprise de cette dimension, la levée d'un nombre incalculable de divisions blindées d'incorruptibles au patriotisme sans faille est d'abord nécessaire pour ne pas créer un vaste marché de complaisance et de passe-droits. Sinon plutôt que de dénicher des fortunes, on ne fera que les démultiplier à l'ombre de l'effarant phénomène de l'informel.

Avant l'adoption de la loi, il est chuchoté que tous les apparats du faste comme les grands trésors cachés se soumettront aux affres de stéthoscopes particuliers, et il n'est pas certain que les délicats démêlés futurs seraient un jeu d'enfants. L'enchevêtrement des croyances et des vérités contradictoires ira jusqu'à buter contre les axiomes religieux variés. Adeptes de la bigoterie développée, nombreux seront ceux qui opposeront l'obligation de la zakat musulmane avec la quête imposée pour crier au sacrilège et au blasphème.

D'une sensibilité extrême, le revers de la fortune n'est pas une exclusivité algérienne. Ailleurs, il a en permanence été la source de virulentes croisées de fers entre les militants pour une justice sociale et les fervents du dogmatisme économique sans pour autant que le départage se produise.

On imagine alors les tracasseries enfantées dans plusieurs domaines, qui iront des faux alibis sur les trésors de bijoux hérités des grands-mères, à la promotion immobilière que l'on tentera de confondre avec un gagne-pain, pour aller enfin se nicher dans l'antre astronomique de la resquille algérienne.

La bataille s'annonce sans conteste d'une rudesse sans limite. Elle peut cependant s'avérer comme un test opportun offert à l'administration pour redorer son blason.