Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Attaquer des moustiques pour tuer des nourrisons

par Abdou BENABBOU

Ainsi, l'enquête menée à la maternité d'El Oued vient de prouver qu'un petit appareil censé s'opposer aux moustiques a préféré happer la vie à huit nourrissons. N'eût été la nature effarante de la cause du drame, on serait tenté, comme toujours, d'aller se réfugier par ignorance et par facilité dans le nid de la fatalité. Le sort et la destinée dans la société ont un dos en béton et la fuite en avant, faute de rationalité et de raison, est toujours propice pour servir d'argument aux drames déroutants.

Demander pour mieux saisir les véritables causes de la défaillance de l'appareil électrique assassin pour tracer le cheminement de la mort est chassé de l'esprit mais on a trouvé en la personne de l'infirmière cubaine de garde le supplétif sujet incriminé. Le comble est qu'une partie de la population manifestante a vite fait de dédouaner la nationalité algérienne pour affirmer presque satisfaite et tout de go que le crime est commis par des étrangers.

Il est inutile de s'appesantir sur les tenants et ressorts du désert médical du sud du pays et il suffit de rappeler que tout le monde connaît les réels motifs qui ont présidé à la nécessité de faire appel à des Cubains ou à des Chinois. La qualification et le savoir-faire algériens préfèrent le chômage des grandes villes à l'ermitage des contrées désertiques. On ne pourrait leur en vouloir car les pourvoyeurs algériens officiels ont toujours préféré anoblir l'ivraie au détriment du bon grain. Il est préférable de faire les yeux doux à un député ou un sénateur plutôt que de séduire un chirurgien ou un professeur de médecine.

Dans la lignée des dramatiques conséquences, la mort continue son brassage emportant souvent des familles entières profitant de l'alliance perverse des apprentis importateurs avec les artisans amateurs. On importe et on installe pour tuer avec insouciance et une incroyable légèreté.

Il est alors fort à parier, à l'arrivée de l'hiver, comme l'an dernier, que le monoxyde de carbone va reprendre son œuvre de dévastation. Il y aura peut-être des étrangers de passage à accuser.