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Un microcosme en train de rater sa réhabilitation

par Kharroubi Habib

Ecartelé entre partisans d'une élection présidentielle dont ils subordonnent l'organisation à la réunion des conditions et mécanismes qui en garantiraient la régularité et l'honnêteté et ceux d'une période de transition durant laquelle une assemblée constituante aurait pour charge de doter le pays d'une loi fondamentale consacrant la revendication populaire d'instauration d'un Etat de droit, le microcosme politico-partisan se délecte dans l'étalage de ses divergences alors qu'une contre-révolution machiavéliquement orchestrée s'acharne à confisquer au peuple la réappropriation de sa souveraineté et à casser la dynamique du mouvement populaire qui en est devenu le symbole.

Ce microcosme est plus acharné à faire guéguerres doctrinales et querelles de chapelle qu'à s'entendre sur une stratégie collectivement pensée pour faire pièce à cette contre-révolution en marche dont la réussite sonnerait le retour en force des piliers du régime qui l'a systématiquement humilié, bridé et réduit à l'état de faire-valoir de la vitrine pseudo-démocratique et pluraliste qu'il a mis en avant pour masquer sa nature autocratique et foncièrement antinomique de la souveraineté populaire et de l'Etat de droit. La révolution du « sourire » qui a surgi dans le pays ne doit rien aux acteurs qui composent ce microcosme politico-partisan et est dans une étape cruciale qui nécessite de tous ceux qui prétendent en partager le salvateur objectif dont elle est porteuse pour le pays qu'ils fassent bloc avec le mouvement populaire qui en est le vecteur et non à entraîner celui-ci dans des débats générateurs de dissensions en son sein.

Cette nécessité interpelle au premier chef les partis de l'opposition qui sans cette révolution du «sourire» ne seraient pas sortis de l'humiliante condition à laquelle les a réduits le régime dont la révolution du 22 février a mis bas les fondements. En tout cas, le mouvement populaire ne se fait aucune illusion sur la maturité et la sagacité de ces partis et ne leur concédera pas de parler, dialoguer ou négocier en son nom avec le pouvoir. Aucun d'eux qu'il soit partisan du dialogue ou de la constituante n'est éligible au rôle de porte-parole du mouvement populaire. La contribution que l'opposition politico-partisane peut apporter à ce dernier est de constituer avec lui un front unitaire et d'exprimer à l'unisson au pouvoir les préalables qui sont les siens et pour la satisfaction desquels il poursuit ses marches du vendredi et qu'il accentuera sa pression sur le pouvoir de fait à la rentrée sociale. En persistant chacun dans son coin à jouer à l'incontournable interlocuteur du pouvoir, les pôles que ces partis ont constitués n'ont aucune chance d'être entendus et par ce pouvoir et par le mouvement populaire.