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Bouchama en lanceur d'alerte

par Kharroubi Habib

En quittant le panel pour le dialogue, Kamel Bouchama, l'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports du temps de la présidence de Chadli Bendjedid et ex-cadre au long cours du parti FLN, a occasionné un nouveau coup dur à cette instance et à Karim Younes son coordinateur qui en ont reçu de toutes parts depuis qu'ils s'essayent à faire reconnaître le bien-fondé de la mission de médiation qu'ils se sont fixée. Celui que leur a porté Bouchama est sans conteste dévastateur pour leur crédibilité en raison qu'il a justifié son départ par son refus de voir l'instance qu'il a rejointe « dialoguer avec le FLN, le RND et les partis de l'alliance ».

Vraie ou fausse, la cause invoquée par lui induit que le grief fait au panel et à son coordinateur de rouler pour le compte du pouvoir et des forces qui veulent le maintien du système. Ils auront beau traiter d'affabulation le propos de Kamel Bouchama, ils ne s'en verront pas moins accusés d'être dans la tromperie à l'égard de l'opinion publique et des acteurs qu'ils tentent de rallier à l'option du dialogue prôné par le pouvoir.

La sortie de l'ex-ministre de la Jeunesse qui contredit l'engagement pris et réitéré par Karim Younes au nom de l'instance du dialogue de ne pas dialoguer avec les partis de l'ex-alliance présidentielle et de gouvernement donne à ceux qui lui font crédit la conviction que cette instance fait de l'enfumage sur la véritable mission que le pouvoir lui a confiée.

En dévoilant ce que le panel a peut-être l'intention d'entreprendre, à savoir replacer sur l'échiquier politique par son intermédiaire les piliers partisans du régime honni et en pleine désintégration, Kamel Bouchama s'est voulu lanceur d'alerte à l'endroit des acteurs politiques et sociétaux qui sont tentés par calcul ou confiance en la probité morale des membres du dit panel de prendre part au processus de dialogue qu'il cherche à enclencher. Peu avant que Kamel Bouchama rende publique sa démission en la justifiant par ce que l'on sait, nous avons écrit que dans sa stratégie visant à garder la main sur le processus devant ancrer le pays dans l'après-Bouteflika, le pouvoir a besoin que les partis de l'ex-alliance soient comptés parmi les parties prenantes du dialogue.

Consciemment ou inconsciemment, le panel semble travailler à leur procurer une présence dans ce dialogue en ayant accepté en son sein des figures dont nul n'ignore qu'elles ont été ou des caciques de ces partis ou leurs compagnons de route jusqu'à leur déconfiture. Plus probant encore est le fait que le panel rencontre sans trouver à redire des « notabilités » et de soi-disant militants et activistes au sein du mouvement populaire et de la société civile dont le point commun est qu'ils prêchent en faveur du dialogue « inclusif » qui sous-entend que les partis de l'alliance ne doivent pas en être exclus comme l'exige le mouvement citoyen et l'ensemble des acteurs des sphères politique et sociétale. Ce qui n'a pas échappé à Kamel Bouchama qui a encore ses antennes dans ces milieux.