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Marché automobile: Un casse-tête pour le gouvernement

par Yazid Alilat

  De nouveau, le dossier des importations de voitures de moins de trois ans refait surface. Après avoir été évoqué du bout des lèvres en mai dernier par le gouvernement, c'est le ministre du Commerce, Saïd Djellab qui a relancé le dossier lundi en affirmant qu'« il est toujours d'actualité ». Une annonce qui a fait un peu de bien au marché des voitures d'occasion, dont les prix sont montés en flèche depuis quelques mois. « L'offre des véhicules neufs est très limitée, voire nulle, après la décision du gouvernement de plafonner le montant des dépenses pour les importations de kits CKD / SKD de voitures pour le montage en Algérie, ce qui a donné des ailes au marché de l'occasion », estime un habitué du marché des voitures d'occasion.

L'annonce du ministre du Commerce a été bien accueillie dans les milieux professionnels. C'est le 8 mai dernier que le gouvernement Bedoui avait indiqué que le retour à l'importation des voitures de moins de trois ans est possible, mais que cela nécessite une étude approfondie des conditions du marché local. M. Djellab a ainsi assuré lundi que « le dossier n'a pas été mis de côté. Il est en train d'être étudié sous tous ses aspects », ajoutant qu'« il est entre de bons mains, et une fois finalisé, il sera remis au Premier ministre ». Il n'a pas donné, cependant, de date précise pour sa mise en œuvre. L'importation des véhicules d'occasion a été bloquée en 2005, mais l'exécutif envisage de lever cette interdiction devant l'assèchement des liquidités en devises et, fatalement, la menace que le manque de réserves de change n'affecte l'industrie du montage automobile.

Selon un responsable au ministère de l'Industrie, après l'imposition de quotas d'importation de kits en CKD / SKD, qui a limité la production de voitures montées localement, « il n'existe pas un Etat qui constate que ses réserves de change se réduisent à cause des importations effectuées par deux ou trois secteurs, et reste les bras croisés ». Dans une déclaration à l'APS, Mustapha Hamoudi, directeur général du développement industriel et technologique au ministère de l'Industrie, a expliqué que « l'Etat intervient pour évaluer l'ensemble des partenaires et voir celui qui réunit les conditions pour poursuivre son activité et celui qui ne les réunit pas », estimant que « l'activité du montage automobile en Algérie doit être organisée ». Au mois de mai, devant l'effritement des réserves de change et la hausse à 3,7 milliards de dollars en 2018 contre 2,2 milliards en 2017 de la facture des importations de kits en CKD / SKD, le gouvernement avait imposé des quotas aux principales usines d'assemblage automobile, ainsi que des restrictions sur les modèles de véhicules à assembler dans les usines. Renault-Algérie Production (RAP) s'est vu imposer un quota de 660 millions de dollars. SOVAC (Volkswagen) a vu son quota plafonné à 600 millions de dollars.

Tahkout Manufacturing Company (Hyundai) a reçu un quota plafonné à 360 millions de dollars, tandis que GLOVIZ (Kia) s'est vu imposer un quota de 300 millions de dollars. 50% de tous ces montants sont en outre destinés aux véhicules d'une cylindrée inférieure à 2.000 cm3. Concernant les modèles validés de ce concessionnaire franco-algérien, la correspondance cite la Renault Symbol, la Clio 4 et la Dacia Sandero Stepway. Les modèles validés par le CNI à Tahkout sont : Hyundai Tucson, Santarém, Accent RB, Sonata , i10, i20 et Créta. S'agissant de la SPA Sovac, les modèles validés sont le Caddy, la Golf, la Skoda Octavia et la Seat Ibiza. Quant à la Sarl Gloviz, les modèles validés sont la Kia Rio, Cérato et la Picanto.

La ministre de l'Industrie et des Mines, Djamila Tamazirt, avait alors expliqué que les mesures, appliquées dernièrement dans la filière du montage automobile, pour réduire la facture de l'importation des kits « CKD-SKD », étaient « transitoires » et visaient un réajustement de la balance des paiements. « Il s'agit de mesures transitoires visant à réajuster la balance des paiements et à apporter des correctifs à même de mieux orienter le dispositif d'incitation dédié à la filière automobile », a-t-elle précisé.

Les différents changements intervenus depuis l'incarcération des patrons des groupes algériens de construction automobile, a changé la donne et donné des raisons que beaucoup ne comprennent pas, pour que le marché des voitures d'occasion flambe. En attendant l'entrée en vigueur de nouvelles mesures gouvernementales, dont la réintroduction de l'importation des voitures de moins de trois ans.