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Rappel à l'ordre

par Mahdi Boukhalfa

L'option de la tenue d'élections présidentielles comme seule et unique voie de sortie de la crise politique actuelle a été encore une fois réaffirmée par le vice-ministre de la Défense nationale et chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah. La nécessité de l'organisation d'une élection présidentielle est un passage obligé qui doit se tenir, selon Gaïd Salah, « dans les plus brefs délais ». Il est clair que l'ANP et à sa tête son chef d'état-major soutient fermement la position du chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, pour cette solution politiquement controversée idoine, et toute faite, qui est celle des élections présidentielles, pour mettre un terme à l'impasse politique actuelle.

Mieux, cette solution doit être mise en place le plus tôt possible, le chef d'état-major estimant même qu'«il n'y a plus de temps à perdre ». Et que le dialogue politique que le pouvoir tente de mettre en place au milieu de très fortes oppositions de la classe politique et les personnalités nationales n'a d'autre finalité, dans cette optique, que l'organisation d'élections présidentielles. Dans sa sortie hier mardi, le général major Gaïd Salah a estimé que ces élections présidentielles « doivent constituer le point principal de ce dialogue qui doit se tenir loin de tous préalables qui s'apparentent à des injonctions ». L'allusion sur le refus des personnalités politiques sollicitées pour intégrer le panel que dirige M. Karim Younès est à peine voilée.

L'ANP a, dans la foulée, laissé entendre qu'elle est excédée par les positions tranchées de la classe politique, du moins une partie d'entre elle, qui refuse, en quelque sorte, de jouer le jeu et de s'impliquer franchement dans la voie de la résolution de la crise politique. Les déclarations de Gaïd Salah, si elles confortent la feuille de route de la présidence de la République, celle de la tenue dans une première phase d'élections présidentielles pour une première décantation, n'en reflètent pas moins une certaine exaspération vis-à-vis de tous ceux qui posent des préalables pour participer au dialogue national. Une position qui reste d'ailleurs fidèle à la sortie de crise par les élections préconisées par la présidence et met de côté les réserves de l'opposition et la société civile, qui ont reçu le soutien des personnalités politiques nationales, pour rejeter cette option. Deux positions tranchées qui s'affrontent et qui semblent pour le moment inconciliables, d'autant que le panel mis en place par la présidence a été boudé jusque-là par ceux en qui l'opinion publique a placé ses espoirs politiques.

Comme les déclarations de M. Gaïd Salah s'adressent justement à ces personnalités politiques influentes et leur rappellent, quelque part, le devoir qu'elles ont à encadrer cette délicate et difficile phase politique. A commencer par réfléchir sur les dividendes que les Algériens et le pays pourront tirer après un consensus général sur la nécessité de la tenue d'élections présidentielles comme étant la seule planche de salut qui ne doit pas être gâchée par des positions marginales et jusqu'au-boutistes, comme ces « préalables allant jusqu'aux diktats». Et, là, l'avertissement du chef d'état-major est clair : pas de sortie de crise en dehors des élections présidentielles.