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De graves précédents

par Mahdi Boukhalfa

La décision des autorités d'occupation israéliennes de détruire des maisons et des immeubles en Cisjordanie occupée, dans un territoire sous responsabilité palestinienne, est un grave précédent. La décision est en elle-même, de l'avis des Européens, France en tête, un «précédent dangereux», alors qu'à l'ONU on estime cette décision illégale, car n'ayant aucune raison valable si ce n'est le fait de maintenir dans les territoires occupés la terreur, l'instabilité et les agressions intolérables, sous quelque forme que ce soit, contre le peuple palestinien.

La manœuvre de l'entité sioniste, prétextant une question de sécurité, les maisons en question étant proches du mur de séparation de « la honte », est trop grossière pour ne pas dévoiler cette politique constante de répression des Palestiniens, menée par Israël. Cette fois-ci, Bruxelles et les Européens ont réagi et s'ils n'ont pas condamné cet autre acte belliqueux d'Israël, ils n'ont cependant pas applaudi un acte délibérément agressif et porteur de graves dangers pour la sécurité des Palestiniens, piégés par l'inaction des pays arabes et le soutien quasi total de l'administration Trump aux Israéliens. Cet épisode n'est cependant pas étonnant, même s'il est révoltant, car touchant une fois encore à la dignité humaine et plus précisément à la dignité d'un peuple qui n'a jamais aspiré qu'à vivre libre et indépendant dans son propre pays.

Israël, un élément perturbateur, terroriste, déstabilisateur et belliqueux dans la région proche et moyen-orientale, est cependant conforté, sinon soutenu dans sa politique agressive par les monarchies arabes qui ne se cachent plus à montrer leur rapprochement avec Tel-Aviv. L'Arabie Saoudite est l'un des pays de la région qui ne se cache plus pour montrer son rapprochement discret avec l'entité sioniste. Un rapprochement qui arrange autant les intérêts pétroliers et sécuritaires dans la région de Washington et qui accentue l'isolement de l'Iran sur la scène régionale et internationale. Si Israël s'attaque avec un tel acharnement, foulant aux pieds toutes les conventions internationales et en particulier les accords d'Oslo, aujourd'hui contre les populations palestiniennes et avec une telle férocité, c'est surtout parce que les monarchies du Golfe se sont alignées sur les positions américaines et ne constituent plus un adversaire, mais des poches de soutien à la politique américaine dans tout le Moyen-Orient. La Ligue arabe, dominée par les monarchies du Golfe, est devenue de son côté une simple caisse de résonance et ne peut plus, depuis un moment, s'imposer ni imposer ses points de vue sur le dossier palestinien.

Faut-il, dès lors, compter sur les premiers soutiens d'Israël dans le monde, en particulier en Europe, pour espérer une sorte de protection contre nature du peuple palestinien ? A voir les positions de Bruxelles ou de Paris sur les destructions de maisons palestiniennes en Cisjordanie occupée, on est tenté de le penser. Un puissant sentiment de frustration surgit en même temps, car il aurait été plus juste que l'entité sioniste soit recadrée et dénoncée un peu plus vigoureusement par la communauté internationale pour ces exactions contre un peuple désarmé. En particulier par les pays arabes voisins, ensuite par l'ONU. Mais, au moment où l'administration américaine et ses relais, dont Israël, tentent de construire les «éléments» d'une probable agression militaire contre l'Iran à l'image de l'Irak, il est désolant de constater l'extrême collusion de certains régimes arabes avec ces graves précédents.