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Dialogue national: la balle est dans le camp du pouvoir

par Kharroubi Habib

Le pouvoir s'est déclaré «intéressé» par les initiatives qu'a suscitées son offre de dialogue national aussi bien celle du «Forum national pour le dialogue» dit de Aïn Benian que celle du «Forum civil pour le changement» et a qualifié de «positives» les propositions qu'elles comportent. Mais il ne laisse rien transparaître des réponses qui vont être les siennes à ces propositions dont certaines conditionnent l'acceptation ou non de leurs auteurs à prendre part au dialogue en question. Il attendait probablement que l'autre groupe réunissant les partis et organisations signataires du pacte du 26 juin sous l'intitulé de «Forces de l'alternative démocratique» se prononce à son tour sur son offre et avoir ainsi une vision définitive de ce qui est attendu de lui par ces blocs en termes de concessions pour que l'éventualité de la tenue du dialogue prenne forme.

Si les démarches des deux premiers ont évacué comme y tient le pouvoir la revendication d'une période de transition avec séquence la mise en place d'une constituante à laquelle il reviendrait de légiférer de la sorte à empêcher la régénération de l'ancien système et du régime déchu, celle du troisième en fait sa clef de voûte dont la non-prise en compte rend non viable toute initiative politique d'où qu'elle émanerait. Les «Forces de l'alternative démocratique» ont réitéré dimanche passé qu'elles excluent d'être partie prenante à un dialogue se limitant comme voulu par le pouvoir à s'entendre sur les mécanismes à mettre en place pour engager le processus de l'élection présidentielle, étape conditionnant à ses yeux la sortie au plus vite de la crise politique dans le cadre constitutionnel.

Il est clair que Bensalah et ceux qui sont aux commandes du pays derrière la façade civile et un tant soit peut légale dont il est l'incarnation, ne qualifieront pas de «positive» l'initiative de ces «Forces de l'alternative démocratique» qu'ils accusent sans les nommer de «vouloir faire perdurer l'impasse politique et d'être au service des milieux étrangers qui ont intérêt à ce que cette situation perdure en Algérie». A supposer même qu'un dialogue soit envisageable sans la participation de ce bloc des «Forces de l'alternative démocratique», le pouvoir n'y semble pas disposé tant il fait la sourde oreille à des exigences dont la satisfaction a été posée comme préalable par les forums politiques et civils ayant opté pour la voie du dialogue et pourrait susciter l'adhésion d'autres acteurs politiques et sociétaux.

Au-delà de leurs divergences sur la raison d'être d'un dialogue, tous les camps qu'a configurés la crise ont des positions qui convergent sur ces exigences auxquelles ils ne peuvent renoncer sans encourir d'être qualifiés de «supplétifs» du pouvoir et de se voir dénier le statut d'interlocuteurs du pouvoir exprimant les revendications populaires. C'est dire que l'absence de geste de la part du pouvoir sur ces exigences n'incite plus à l'optimisme même très mesuré qu'ont fait naître les initiatives politiques qui se sont fait connaître dans la foulée de son offre. Le pouvoir sait que pour l'entretenir il lui faut faire les gestes qui lui sont réclamés de toutes parts.