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LE JUSTE MILIEU

par Abdou BENABBOU

Faudrait-il convenir que les multiples incartades déraisonnées et observées au cœur de la fournaise sportive de ces derniers jours sont d'une légitimité sans faille ou au contraire les appréhender comme des faits et gestes qui frisent la folie ? Entre une liesse populaire qui par endroits a débordé par son inconscience et une approbation à l'adresse d'une joie générale, les avis sont partagés. On ne peut en effet ne pas être bouleversé à l'annonce du décès dans un accident de cinq adolescents parmi lesquels deux frères sortis dans une camionnette manifester leur bonheur à la suite d'une qualification sportive. On n'a pas non plus le droit de tourner le dos à la prouesse d'une équipe qui vient de redorer le blason d'une nation dans le concert international sportif.

On ne sait pas cependant si un prix Nobel qui serait d'aventure attribué à un Algérien aurait une facture similaire et provoquerait une telle liesse sans limites.

Il y a évidemment du bon et du moins bon. Sauf que dans ce domaine comme dans tous les autres, la sagesse et l'intelligence recommandent la culture du juste milieu. Or à bien des égards la spécificité des élans des Algériens offre à cette occasion des déboulements parfois dramatiques et révèle parfois des inconséquences des plus maladroites. On ne comprend pas par exemple pourquoi les autorités ont attendu la dernière heure pour affréter des charters pour Le Caire et pour des supporters qui sans crier gare se sont précipités par milliers pour arracher des places limitées. Pourtant la date de la compétition continentale avait été programmée et était connue des mois sinon des années auparavant.

Le succès imprévu de l'équipe nationale en terre égyptienne ne justifie pas une initiative prise au pied levé et que bien au contraire il aurait fallu l'accompagner par le plus grand nombre de supporters avant l'entame des joutes. Puisqu'on la croyait aller faire de la figuration et qu'il ne fallait pas trop en attendre d'elle, la logique aurait voulu que l'accompagnement et le soutien se fassent à son départ.

On imagine dès lors les incommodations à venir, ici et là-bas, nées de la précipitation d'une décision revêtant l'allure d'une récupération politicienne de courte vue qui confirmerait que le football ne serait plus que manipulation et outil politique.