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Surfacturation, fausses déclarations...: 45 minoteries vont être fermées

par Moncef Wafi

  Le gouvernement a décidé de fermer 45 minoteries pour contravention avérée aux lois en vigueur, notamment la surfacturation et les fausses déclarations.

La décision a été prise, mercredi dernier, lors d'une réunion présidée par le Premier ministre, où il a également été question, selon le communiqué du gouvernement, de l'engagement de poursuites judiciaires à l'encontre d'autres minoteries coupables de fausses déclarations concernant leurs capacités de production effectives et la suspension du directeur général de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), Mohamed Belabdi, en poste depuis février 2013. Ces décisions ont été prises dans le cadre de la préservation des réserves de change du pays et la rationalisation des importations sur la base du rapport du groupe de travail chargé d'auditionner la filière du blé.

Rappelons qu'en l'espace d'une année, la perte des réserves de change était de près de 17 milliards de dollars entre décembre 2017 et décembre 2018. Une chute qui, théoriquement, devra se poursuivre durant l'année en cours, puisque la loi de finances prévoit un niveau de 62 milliards de dollars en 2019, puis 47,8 milliards de dollars en 2020 et 33,8 milliards de dollars en 2021. Quant aux dépenses de l'Algérie pour les importations de céréales, de semoule et de farine, elles ont augmenté de 11,55% en 2018 par rapport à l'année précédente. A propos de ces agissements, Bedoui a affirmé que le gouvernement «ne tolérera aucun dépassement de ce genre tout en veillant à garantir l'approvisionnement du marché national en ce produit». Il a aussi tenu à exhorter le groupe de travail à poursuivre son audit qui sera sanctionné par un rapport exhaustif comportant aussi les raisons du retard accusé dans la réalisation de structures de stockage de céréales. Destinés au stockage des céréales, 89 silos sont en attente de réalisation depuis 2010.

Ce dossier des céréales inquiète en haut lieu puisque il a fait l'objet de plusieurs rencontres dont celle du 16 juin dernier qui a vu Bedoui présider un conseil interministériel consacré à l'examen des voies et moyens du développement de la filière blé et des mesures à prendre dans les domaines de production, stockage, importation et de distribution. Ce conseil, faisant suite aux décisions de la réunion du gouvernement du 29 mai 2019, s'inscrivait dans le cadre de l'approche globale adoptée par le l'Etat à l'effet de préserver les réserves de change à travers la limitation du recours à l'importation aux réels besoins réels du marché national et la restriction de la subvention publique aux quantités destinées au citoyen et non à d'indus bénéficiaires.

Lors de cette réunion, le gouvernement a décidé la mise en place, auprès du ministre des Finances et associant les ministres du Commerce, de l'Industrie et de l'Agriculture en personne, d'un Comité de veille, de régulation, de contrôle et d'évaluation de la céréaliculture. Chargé de concevoir une approche claire, à court et moyen termes, en matière de rationalisation de la gestion et de l'importation des céréales, ce Comité aura à effectuer un audit global concernant le respect des obligations juridiques par l'ensemble des opérateurs activant officiellement dans le domaine.

La rencontre de mai, rappelons-le, a vu le gouvernement donner son accord à de nouvelles mesures visant la régulation des importations des céréales et du lait, deux produits qui totalisent plus de la moitié des importations alimentaires du pays, dans le cadre d'une démarche visant la préservation des réserves de change.

Selon l'exposé du ministre des Finances, il est plus que jamais nécessaire de «mettre fin au transfert des subventions publiques aux indus bénéficiaires» en insistant, en même temps, sur la nécessité de préserver le pouvoir d'achat des citoyens. Et, c'est dans ce sens que le gouvernement a décidé de mettre fin à l'octroi des licences pour de nouvelles minoteries ou l'élargissement de celles existantes. L'Algérie a importé en 2018 pour 8,57 milliards de dollars de produits alimentaires (+1,6%), une facture tirée essentiellement par la hausse des importations des céréales. Les importations des céréales-semoule-farine ont grimpé à 3,1 mds usd en 2018 (+11,55%).