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Tlemcen: M'hala dans un isolement total

par Khaled Boumediene

Située à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest du chef-lieu de la wilaya de Tlemcen, la contrée de M'hala de la commune de Bouihi vit dans un isolement total. Pour être plus précis, ce territoire steppique aride de la bande frontalière, qui abrite également les localités de M'siouène, Sidi-Aissa, Sbéda, Ouled Abdesslam et El-Abed, est coupé du monde. Parsemés çà et là, les petits bourgs épars sont dépourvus d'alimentation en eau, électricité, gaz naturel et de réseaux d'assainissement. La route de M'hala qui relie sur huit kilomètres le chef-lieu de la commune de Bouihi (daïra de Sidi-Djillali), se trouve dans un piteux état. Le transport public ou rural est inexistant. Pour se déplacer, les habitants qui ne cessent depuis plusieurs mois de se plaindre de l'état lamentable dans lequel se trouve la chaussée, font appel à des clandestins qui craignent de rouler sur ce tronçon routier, plein de nid-de-poule, de crevasses et de bosses. Les ressources en eau sont très rares et la canicule est bien plus étouffante dans cette zone réputée par son élevage équin et bovin. Le seul puits qui existe sur la crête d'un monticule est situé à près d'un kilomètre. Les habitants qui multiplient leurs démarches auprès des élus locaux pour que des canalisations soient installées pour assurer l'acheminement de l'eau vers leurs maisons recourent aux citernes pour s'approvisionner en eau moyennant la somme de 500 DA la citerne. Avec l'intensification de fortes chaleurs, ils en ramènent jusqu'à deux citernes par jour pour eux et pour leurs bêtes. Les enfants scolarisés ont eux aussi leur lot de problèmes d'éloignement de leurs établissements scolaires et l'inexistence de transports scolaires. Devant cet état de fait, de nombreux enfants ont abandonné leur école. Sur le registre de la santé, il n'y a aucune structure de médecine, ni médecin, ni aucun agent paramédical. Les femmes enceintes souffrent le martyre pour rejoindre le centre de santé de Bouihi ou l'établissement hospitalier de santé de Sebdou.

«Ici nous vivons l'enfer, nous vivons dans une prison. Personne ne se soucie de nos souffrances. Est-ce que nous ne sommes pas des citoyens à part entière ?», se plaignent les habitants de M'hala.