Il y a huit ans, au mois de juin
2011, Benmiloud Mohamed a figuré en bonne place dans
l'article dédié aux « derniers gardiens du temple » en compagnie de Hadj Hacène Abderrahmane, Hadj Bachir Djmaï
et Nouna Mekki. Le titre de
l'article, « La légitimité incarnée », résumait à lui seul son long parcours.
Plus connu sous le pseudonyme de « Couscous », Ami Mohamed était un personnage
très populaire, ayant toujours vécu dans sa Médina Jdida
natale. Décédé samedi à l'âge de 98 ans, il a battu le record détenu auparavant
par Hadj Hacène Abderrahmane et demeurait le doyen du
Doyen, l'USMO, qu'il a intégré en catégorie minimes en 1934. Tour à tour
joueur, indispensable factotum durant de nombreuses décennies, il a participé à
sa manière à la grandeur du club unioniste. On rappellera, entre autres, qu'il
a dirigé avec succès une équipe FSGT (sport et travail) qui constituait un
réservoir pour le club de sa vie. Car, à l'instar des fans à l'irréprochable
fidélité, il incarnait l'USMO et inspirait le respect, même celui des
adversaires les plus irréductibles. Garde-matériel, cuisinier de l'équipe
senior du temps où les joueurs devaient s'entraîner avant de retourner à leurs
lieux de travail, Couscous a servi l'USMO de tout son cœur, y compris au sein
des catégories jeunes après 1962. Lors de notre entretien en 2011, il nous
avait fait une révélation : « C'est Benamar Miloud
qui a encouragé la création de clubs musulmans pour que l'USMO ne soit pas
seule face aux provocations des Européens des « pieds-noirs
». Constamment présent aux rencontres de son club de cœur, Ami Mohamed n'a
jamais été très démonstratif, et c'est même cette placidité naturelle qui le
différenciait des autres supporters, excités par l'arbitrage et les
contre-performances de leurs favoris. De quoi surprendre les générations
actuelles beaucoup plus exubérantes. La disponibilité, son sérieux et sa
probité ont fait de lui un personnage à part. Au quartier Médina Jdida, il était une véritable référence dans le domaine des
postes de radio, et les commerçants n'avaient pas de plus redoutable adversaire
au « jeu de dames » où il était un authentique champion. Il a vécu heureux
comme l'atteste son long parcours. Son enterrement a eu lieu dans une intimité
en parfaite conformité avec son comportement, celui d'homme humble et
irréprochable à tous égards.