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Ténès: Le port toujours paralysé par une grève

par Bencherki Otsmane

  Depuis le 30 juin dernier jusqu'à ce jour, les activités de manutention au port commercial de Ténès sont à l'arrêt à cause d'une grève observée par près de 200 dockers. Alors qu'en rade il n'y aucun bateau en vue, les deux seuls navires qui avaient accosté aux quais avant le 30 juin pour décharger leurs cargaisons ont été contraints de quitter le port pour une autre destination.

Lors de notre entretien avec les grévistes, ces derniers nous ont exposé toute une série de revendications parmi lesquelles la revalorisation du salaire de base qui selon la convention collective nationale varierait entre 10 et 26 % suivant l'importance du trafic de chaque port, le paiement du rappel de l'année 2018 pour ce qui est du salaire unique, de la prime de transport, ainsi que de la PRI et PRC non perçues. Nos interlocuteurs nous ont fait savoir qu'au moment où bon nombre d'entre eux travaillent en tant que contractuels depuis plus de 16 ans et demandent à être permanisés, d'autres par contre qui exercent au niveau de l'administration du port se sont vus régularisés dans leurs nouvelles fonctions en un laps de temps très court, « à peine quelques mois ».

Pour sa part, le PDG du port avait déclaré à la radio locale qu'« au risque de mettre en péril l'avenir des travailleurs en ce qui concerne leurs salaires, il nous est impossible de répondre favorablement aux revendications telles exprimées aujourd'hui par les dockers et cela pour l'unique raison qui est celle de la baisse drastique du trafic ».

A cela, les grévistes répondent ne pas comprendre les arguments présentés par le PDG du port lorsque ce dernier parle d'austérité alors qu'il aurait décidé récemment « une revalorisation de 20 % du salaire des quatre cadres dirigeants de l'entreprise », selon les contestataires.

Les grévistes font état également de la location par l'administration du port d'un hangar servant de zone extra-portuaire mais qui n'a jamais servi. Le loyer serait de 300 millions de centimes par mois. Pour ces raisons, les grévistes souhaiteraient que le wali de Chlef diligente une commission d'enquête pour faire toute la lumière sur ce qui est qualifié de «dépassements» au port de Ténès. Pour l'heure, les travailleurs sont résolus à poursuivre leur mouvement de grève jusqu'à la satisfaction de leurs revendications. Pour sa part, le PDG a affirmé que cette grève est illégale et a décidé de suspendre 25 travailleurs, dont 19 seront traduits très prochainement devant la justice. Enfin, il est important de souligner que les travailleurs dans leur ensemble ne reconnaissent pas la légitimité de la section syndicale de l'UGTA du port, sachant que le mandat de cette dernière a expiré en avril dernier.