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En rangs dispersés

par Moncef Wafi

Devant le mur, chacun cherche une sortie honorable à la crise politique qui secoue le pays et face à l'intransigeance de Gaïd Salah, l'opposition s'évertue à baliser le chemin et défraîchir les pistes qui peuvent suggérer une autre issue à la crise. Si la vision du chef d'état-major de l'ANP est une, l'autre tranchée diverge, creuse des rigoles et des boyaux n'arrivant pas à se fédérer autour d'une feuille de route consensuelle. Les voix se succèdent, multipliant les propositions, prenant à témoin l'opinion publique et égrenant les déclarations d'intention.

Cette offensive en rangs dispersés, malgré quelques tentatives de réunification autour d'un projet de sortie de crise vite mises au pas par ceux qui ne s'y reconnaissent pas, se retrouve fragilisée par l'absence de consensus nonobstant la convergence des propositions sinon leur proximité. Et c'est là où le bât blesse quand tous les ingrédients sont réunis pour aller de l'avant et mettre de côté les susceptibilités idéologiques et surtout les problèmes des ego qui ont longtemps miné le terrain des retrouvailles. Le profil même de cette opposition, individuelle ou partisane, n'offre également pas beaucoup de garanties aux uns et aux autres et chaque partie se positionne dans une attitude de défiance vis-à-vis des appétits personnels et des tentatives de replacement. Et c'est cette divergence dans les approches peu conventionnelles de la politique, loin de l'intérêt du pays, que se forge actuellement cette opposition qui ne risque pas de constituer une force de proposition capable d'offrir une alternative au plan de l'institution militaire.

Cette incapacité chronique à se réunir tous ensemble autour de la table des négociations, en mettant de côté les clivages, semble faire les affaires des partisans de la solution consensuelle qui s'appuient ainsi sur l'absence d'autres propositions, loin de cette période de transition rejetée catégoriquement par le vice-ministre de la Défense nationale et d'autres parties. Cependant, et pour peu que toutes les voix de l'opposition arrivent à se mettre d'accord sur leurs représentants qui devront ouvrir le dialogue avec le pouvoir, on est certain d'avancer ou du moins faire le premier pas vers un début de solution. Même si les conditions ne sont pas toutes réunies, l'armée refusant de s'impliquer ouvertement dans les négociations, il est toujours bon de trancher avec ce statu quo qui paralyse le pays.