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L'ARBRE DESSECHE

par Abdou BENABBOU

Trois événements, trois parallèles dont le traçage s'est effectué ces dernières heures interpellent en commun et méritent d'être observés.

Un conseil interministériel a dû se réunir à Alger dans l'urgence avec des tenues de pompiers pour sauvegarder ce qu'il y a à sauver dans le monde de l'économie et du travail. Dix pays du bassin méditerranéen se sont retrouvés à Marseille en soutanes de moines pour des messes certainement aléatoires pour préserver une paix dans le pourtour de la Méditerranée. A Naama, ville plus que déshéritée, une flopée de chômeurs pour ne pas être en reste a demandé avec véhémence des postes d'emploi. Et des Naama semblables aussi torturées et blessées sont à multiplier par le nombre des immolations par le feu quand les suicides sont une offrande comme seul remède.

Le télescopage de ces trois événements est un indicateur probant d'un état des lieux où tout est lié. La cupidité des Etats et les visions courtes des dirigeants ont souvent servi de maille à la dégénérescence de l'humanité.

Les officiels algériens n'en sont plus à la réflexion et à la recherche de la création d'emplois mais doivent faire face dans l'immédiat à contenir les effets désastreux d'une économie en totale hibernation. Les entreprises industrielles et autres, à bout de souffle, les unes après les autres, mettent de guerre lasse les clés sous les paillassons et des centaines de travailleurs sont priés de rentrer chez eux. Ceux déjà sans travail depuis l'éternité ont fine mine de réclamer des fruits d'un arbre desséché et font semblant de ne pas se rendre compte qu'ils doivent repasser.

Une Europe divisée et hagarde, chargée de lourds soucis difficilement voilés, a d'abord les yeux rivés que sur ce qu'elle croit être une menace de déferlante des émigrés. Avec une douce incrimination très diplomatique elle tente d'astreindre les Etats maghrébins à se plier à une posture de paravent. Et en face, plus bas mais plus proches, des régimes désemparés se sont rendu compte que le monde n'était pas le paradis. L'enfer n'est pas loin si chacun ne s'en tient qu'à ses plus bas intérêts.