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«Il faut
prendre la chance par les cheveux et n'oublie pas qu'elle est chauve !» disait
un général vénitien du XVe siècle. Sans doute, cet aphorisme colle parfaitement
avec ce que nous vivons en Algérie, depuis bientôt cinq mois. Le peuple a saisi
sa chance historique pour revendiquer un changement radical du système de
gouvernance, à la mesure de ses attentes et la classe dirigeante, plutôt le
clan le plus fort du régime, tente de tourner cette chance à sa faveur pour
opérer une purge qui arrange ses intérêts et le maintient,
contre vents et marées, au pouvoir. L'emprise psychologique des manigances du
pouvoir pour tromper les masses a valeur de chantage, du genre «on jettera tous
les officiels corrompus dans les prisons avec les pires scénarios d'humiliation
possibles, mais soyez tranquilles et sages et soumettez-vous à l'exigence de la
présidentielle fixée par l'état-major».
En termes techniques, cela s'appelle «toilettage», comprendre repeindre la façade sans nettoyer réellement l'arrière-boutique de ses éléments toxiques. Or, le problème chez nous, c'est surtout l'arrière-boutique. Le système se limite-t-il au clan Bouteflika? N'importe quel Algérien répondra par la négative. C'est seulement le citoyen de Bab El Oued, Ouargla, Relizane ou Annaba qui sait à qui et à quoi il a affaire quand il rentre dans une administration publique : un grand poulpe aux milliers de tentacules qui s'enfouissent dans le corps de la société au point de l'étouffer et le rendre souffrant, anémique, maladif. Mon pays, je n'apprends rien à personne ici, est un grand malade. Malade de sa justice, de ses hôpitaux, de ses administrations, ses élites, ses dirigeants, etc. C'est devenu une affaire sérieuse, qui nécessite un coup de sonde dans la souffrance de ceux qui subissent l'injustice ou ont simplement le sentiment d'être relégués à l'état de sous-citoyenneté du type «indigénat néocolonial». Comment pourrait-il en être autrement, quand on prive le citoyen du moindre de ses droits, à savoir choisir ceux qu'il croit dignes de le représenter? Les Algériens n'ont lutté pour leur indépendance que pour vivre libres et heureux sur leur terre, la terre de leurs ancêtres. Donnons-leur cette chance et ce droit garanti par la Constitution. Combattre la corruption sans établir la démocratie est un non-sens sémantique, dénué de toute forme de stratégie ou de pragmatisme. L'élite actuelle est maudite par tout un peuple alors qu'elle rumine son spleen et maudit ses propres fœtus, pour espérer une régénération ex nihilo sur le dos de ce dernier. Drôle d'histoire qui ne passera jamais, vu la maturité, la solidarité et l'héroïsme de notre peuple, durant les grandes épreuves. |
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