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UGTA: Qui succèdera à Sidi Saïd ?

par Ghania Oukazi

  Dans ce tumulte militaro-politico-judiciaire, Abdelmadjid Sidi Saïd prépare le 13ème congrès de l'UGTA pour céder la place à une nouvelle direction.

Alors que les yeux des Algériens sont rivés sur les nombreux feuilletons de comparution judiciaire et d'incarcération de responsables les plus en vue dans les milieux politiques et des affaires, le secrétaire général de l'UGTA s'active à apporter les dernières retouches aux préparatifs de son 13ème congrès qu'il prévoit d'organiser les 21 et 22 juin au CIC Abdelatif Rahal de Club des pins. «Nous avons pratiquement tout terminé», nous a-t-il dit hier tôt le matin. Après une allocution d'ouverture lue par ses soins et l'installation du bureau du congrès, la séance de la matinée du 21 juin prochain sera levée et les travaux reprendront l'après-midi par la lecture des rapports financiers et réglementaires ainsi que des projets de résolutions suivie par un débat, «il sera aussi fait lecture du programme d'action, du règlement intérieur et des nouveaux statuts de l'organisation, c'est la tradition syndicale», nous fait savoir Sidi Saïd. Il annonce plus de 700 congressistes «tous issus du monde syndical, il n'y aura aucun officiel, la conjoncture ne le permet pas», a-t-il indiqué.

Le 13ème congrès de la centrale syndicale a lieu après que l'UGTA ait tenu l'année dernière ceux de plus d'une vingtaine des fédérations sur les 30 qui lui sont affiliées. «Ne restent que 5 ou 6 fédérations qui n'ont pas tenu leur congrès parce que leur mandat est toujours en vigueur», précise le SG de l'UGTA. Les congressistes passeront dans la journée du 22 juin à l'élection des 181 membres de la CEN (Commission exécutive nationale), de celle des membres du secrétariat national et celle du secrétaire général de l'organisation. «Pour l'instant, il n'y a aucun candidat pour le poste de SG, mais il y en a beaucoup qui affûtent leurs armes dans la discrétion la plus totale», note Sidi Saïd qui tient à rappeler qu'il a prévu de quitter l'UGTA il y a longtemps. «J'ai annoncé publiquement en janvier dernier que j'étais malade, je ne pouvais donc continuer à travailler parce que mes problèmes de santé nécessitent des traitements très lourds, je me sens vraiment fatigué, il faut savoir quitter la table, mon départ était prévu depuis longtemps?», dit-il avec le sourire. «Le changement, c'est toujours bénéfique pour tout le monde, l'organisation devra être dirigée par une nouvelle génération et aussi par une nouvelle dynamique syndicale», ajoute-t-il. Pour lui, «la remise du flambeau est assurée, je préfère parler de relais, et il devra être pris d'une manière sereine qui puisse faire avancer l'action syndicale dans de bonnes conditions, le syndicalisme a besoin de convictions et d'humilité ».

Une nouvelle figure à la tête de l'UGTA

Interrogé sur son propre bilan syndical, il répond «c'est au congrès d'apprécier». Il rappelle cependant qu' «on a pu instaurer le dialogue social qui a été présenté comme référence au BIT (Bureau international du travail), la solidarité, il y a eu peut-être des ratages, le plus important est d'avoir travaillé avec conviction». Sidi Saïd reste persuadé que «la préoccupation majeure de chacun de nous est de remettre le pays sur les rails».

Au siège de la Centrale syndicale, on entend dire que «99% pour ne pas dire 100% des membres du secrétariat national vont partir à la faveur d'élection de nouvelles figures». La CEN dont la composante a toujours été issue des unions locales et de wilaya devra, selon nos sources, elle aussi «élire de nouvelles têtes puisque le congrès l'oblige à le faire». Interrogés sur les changements apportés par le règlement intérieur et les statuts de l'organisation, nos interlocuteurs affirment d'emblée que «les nouveaux textes changent les règles de représentation au sein des différentes structures, il ne sera plus question de prédominance des inactifs sur les actifs, les fédérations et les unions de wilaya, jusque-là animées uniquement par des retraités, ne le seront plus que par des membres en activité». Il ne sera plus question non plus de «cumul de mandats comma ça a été le cas depuis toujours», soulignent nos sources. «Achour Telli par exemple est membre du secrétariat national, président de la fédération des travailleurs de Sonelgaz, président de la mutuelle de la même entreprise et président du conseil d'administration de la CNAS, plus jamais ça avec les nouveaux textes !», affirment nos interlocuteurs. Ce sont, est-il noté, «les membres de la CEN une fois nouvellement élus qui valideront les nouveaux statuts de l'organisation ».

Il y a quelque temps, «Telli, Ahmed Guetiche, secrétaire national et secrétaire général de l'Union de wilaya de Médéa, nourrissaient de grandes ambitions pour remplacer Sidi Saïd à son poste de SG de l'UGTA, aujourd'hui les choses ont complètement changé, je défie celui qui peut donner un seul nom de candidat à ce poste», soutiennent nos interlocuteurs. L'on avance que celui qui succédera à Sidi Saïd n'est pas très connu du grand public, c'est un syndicaliste convaincu, «s'il ne s'avance pas encore, c'est parce qu'il craint d'être neutralisé avant même que le congrès n'ait lieu».

Les organisateurs du 13ème congrès précisent qu'il se teindra sans les représentants locaux des wilayas de Tizi Ouzou et Béjaïa. «Ils en sont exclus pour avoir conditionné leur participation par le départ immédiat de Sidi Saïd», nous est-il dit. Il est cependant indiqué que «les unions des wilayas de Saïda et de Tlemcen ont réglé hier leur problème de représentativité, ils ont élu leur secrétaire général et seront présentes au congrès».

Après avoir organisé ses pré-congrès de l'Ouest, de l'Est et du Sud, aujourd'hui l'UGTA tiendra son pré-congrès du Centre à l'école syndicale d'El Achour, à l'ouest d'Alger.