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Affaire Mahieddine Tahkout: Ouyahia et d'anciens ministres et walis devant la Cour suprême

par Moncef Wafi

L'affaire Mahiedine Tahkout est en train de provoquer la chute effective d'anciens hauts responsables poursuivis aujourd'hui en tant qu'accusés. Ainsi, après avoir entendu les prévenus lors de la première comparution, le juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed, à la Cour d'Alger, a ordonné le placement de 19 personnes en détention provisoire, sept autres sous contrôle judiciaire et de remettre 19 suspects en liberté.

Par ailleurs, six personnes morales en lien avec les activités du principal suspect ont été également accusées dans cette affaire dans laquelle 45 personnes sont impliquées, a indiqué un communiqué rendu public hier par le procureur de la République près ladite juridiction. Les personnes poursuivies pénalement sont Tahkout Mahiedine, son fils et deux de ses frères, en plus de 38 fonctionnaires de différentes administrations publiques et services ministériels et trois salariés d'entreprises appartenant à Tahkout, a ajouté la même source. Concernant les neuf personnes restantes et compte tenu de leurs fonctions à la date des faits, il a été décidé de transmettre le volet de leur dossier au Procureur général près la cour d'Alger «pour prendre les mesures nécessaires à leur encontre». Il s'agit d'un ex- Premier ministre, deux anciens ministres, un ministre en exercice, cinq anciens walis et deux walis en exercice, poursuit le communiqué.

A ce propos, Ahmed Ouyahia et Abdelghani Zaalane, respectivement ancien Premier ministre et ancien ministre des Transports et des Travaux publics, ont été convoqués en tant qu'accusés par le juge instructeur près la Cour suprême pour répondre à des faits de corruption. D'autres noms d'anciens et actuels responsables sont également cités comme devant être entendus à la cour suprême à l'exemple de Amar Tou, Boudjemaa Talai, Karim Djoudi, Amara Beyounes, Amar Ghoul, Abdelkader Bouazghi et Abdeslam Bouchouareb, l'ex-wali d'Alger Abdelkader Zoukh, et l'actuel wali d'El-Bayadh, Mohamed Djamel Khenfar.

Les personnes impliqués dans l'affaire Tahkout sont poursuivies, selon la même source, pour blanchiment d'argent, transfert de biens obtenus par des faits de corruption à l'effet d'en dissimuler la source illicite dans le cadre d'un groupe criminel, incitation d'agents publics à exploiter leur influence effective et supposée dans le but de bénéficier d'indus privilèges, bénéfice du pouvoir et de l'influence des agents de l'Etat, des collectivités locales, des entreprises et institutions publiques de droit public et des entreprises économiques publiques ou des établissements à caractère industriel et commercial (EPIC) durant l'établissement de contrats et marchés à l'effet d'augmenter les prix et de modifier, en leur faveur, la qualité des matières, services et approvisionnement.

Retenues contre les prévenus au terme de l'enquête préliminaire diligentée par la section des recherches de la Gendarmerie nationale d'Alger sur instruction du procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed, ces charges portent en outre sur la dilapidation de deniers publics, abus de pouvoir volontaire à l'effet d'accorder d'indus privilèges en violation des lois et réglementations, conflit d'intérêts avec violation des procédures en vigueur en matière de marchés publics basées sur les règles de la transparence, de la concurrence honnête et de l'objectivité, outre la conclusion de contrats, de marchés et d'avenants en violation des dispositions législatives et réglementaires en vigueur à l'effet d'octroyer des avantages injustes à autrui. Le procureur de la république avait entendu, depuis dimanche dernier, 56 personnes dans le cadre de cette affaire.