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Non, l'Algérie n'est pas le Soudan

par Moncef Wafi

En quoi le Soudan peut nous intéresser ? La réponse est à trouver dans la similitude des deux mouvements populaires qui ont conduit à la destitution de présidents partis pour rester au pouvoir jusqu'au trépas. Le point commun étant deux pays, deux économies mises à mal par la prédation sans commune mesure de clans proches du pouvoir en place, de la famille et des intérêts étrangers au détriment de la sécurité intérieure du pays. L'analogie entre les deux expériences réside également dans le processus post-régime qui a échu aux mains des militaires et les tentatives extérieures de faire échouer les deux révolutions menées par l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et l'Egypte.

Si au Soudan la junte militaire a tiré et tué des civils, elle l'a fait avec la bénédiction de Ryadh, Abu Dhabi et Le Caire protégée par le silence complice de Washington. Ces quatre gouvernements n'ont aucun intérêt à voir émerger une véritable démocratie dans un pays arabe qui remettrait en cause des intérêts communs consacrés par un donnant-donnant, argent contre soldat en ce qui concerne le Soudan pour les besoins de la guerre au Yémen. Au-delà de la chair à canon, The Guardian parle d'enfants-soldats soudanais envoyés faire la guerre aux Houthis, la crainte de voir la propagation de transition démocratique à leurs propres peuples fait réagir les Saoudiens, les Emiratis et les Egyptiens. Ils n'hésitent pas à financer, à coup de milliards de dollars, des contre-révolutions pour contrecarrer les aspirations démocratiques revendiquant des Etats civils.

Ce qui s'est passé au Soudan peut arriver en Algérie dans le pire des scénarios et cette situation de statu quo ouvre terriblement la porte à toutes les hypothèses aussi macabres soient-elles. Si les ingrédients sont réunis pour un scénario à la soudanaise ou à l'égyptienne de Sissi, il n'en demeure pas moins que l'Algérie saura s'élever au-dessus de toutes ces tentatives d'infiltration et de récupération orchestrées de l'extérieur. Tout comme pour le Soudan, le mouvement populaire algérien qui aspire au véritable changement de système de gouvernance et à l'instauration d'un Etat civil et démocratique doit faire face à l'hostilité, à peine cachée, des monarchies arabes.

Appuyées par des relais à l'intérieur du pays, ces forces activent pour empêcher la transition démocratique quitte à jouer sur les cordes sensibles en appelant ouvertement à la sédition et à la guerre ethnique. Ces gens-là, à la solde de gouvernements étrangers, doivent être débusqués et traduits devant la justice pour complot contre l'unité du pays pour enrayer ces velléités d'entraîner le pays vers l'impasse.