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Tlemcen: La fièvre de l'Aïd a commencé  

par Khaled Boumediene

  Le mois du Ramadhan vit ses dernières heures. En effet, le premier jour de l'Aïd El Fitr devrait être célébré soit mardi 4 juin, soit mercredi 5 juin. Il faudra attendre la traditionnelle observation lunaire de la « nuit du doute », programmée au soir du lundi à travers tout le territoire national, pour que la commission nationale de l'observation du croissant lunaire officialise la date de célébration de l'Aïd El Fitr. Déjà dans les vieux quartiers de la ville de Tlemcen, l'odeur de la soupe traditionnelle (harira) humée par les passants a cédé sa place à celle des gâteaux traditionnels. Il faut dire que la préparation à la maison des gâteaux de cette fête tient une place importante chez de nombreuses familles tlemcéniennes. Même si quelques ménages préfèrent acheter pour leurs proche famille et invités, leurs gâteaux dans les magasins spécialisés et modernes qui proposent toutes sortes de gâteaux à base d'amandes ou de pistache, les mères de familles passent plusieurs jours à confectionner une multitude de gâteaux traditionnels et de friandises qui doivent impérativement figurer sur la table pour accueillir les invités le jour de l'Aïd.

Les délicieux petits gâteaux aux amandes et au miel ne font jamais défaut. Cette tradition est très ancrée dans la société, comme l'explique une mère de famille du quartier de Bab Wahran : « il ne reste plus que quelques jours avant de célébrer la fête de l'Aïd El Fitr. C'est est une occasion spéciale pour les familles tlemcéniennes, qui tiennent toujours à leurs anciennes traditions et préparent des « chhiouates » ou plats délicieux principalement sucrés et plus succulents les uns que les autres, à base de miel, confiture, farine ou semoule, comme « makrouttmar », « griwache », sablés et « kaâk » pour célébrer cette fête dans une ambiance familiale et chaleureuse. Cette coutume ancestrale est d'ailleurs transmise de père en fils ».

A Tlemcen, la fête de l'Aïd, c'est aussi le traditionnel grand ménage qui commence d'ailleurs bien avant l'Aïd pour les mères de familles joyeuses d'accueillir cette grande fête. « L'Aïd est une fête très familiale. Les familles se rendent visite de maison en maison pendant les trois jours de l'Aïd. Les enfants heureux d'avoir accompli leur devoir religieux mettent leurs plus beaux vêtements et font le porte-à-porte pour souhaiter la bonne fête aux familles et voisins du quartier.

La distribution de cadeaux aux enfants tient également une place importante dans nos ménages. Les femmes nettoient leurs maisons pour les rendre plus accueillantes pour les nombreuses visites familiales. Elles étalent de beaux tapis, guirlandes lumineuses et jolies décorations de salles », souligne Hadja Fatima du quartier d'El Medress.

Par ailleurs, les hommes et femmes de Tlemcen perpétuent toujours leur coutume de port d'habit traditionnel en ces moments privilégiés de retrouvailles familiales, de convivialité et de tradition. Toutes les soirées, ils prennent d'assaut les magasins et centres commerciaux des rues et des grandes avenues de la ville, qui se parent de leurs plus beaux atours. Les devantures des magasins brillent de mille feux, achalandant vêtements modernes, chaussures de tous genres, gandouras, djellabas, jabadors et des caftans de différents modèles mariant tradition et modernité. Certains couturiers de la ville sont d'ailleurs très sollicités ces deux dernières semaines par les citadins qui se présentent quotidiennement jusqu'à une heure tardive chez eux pour la confection des plus beaux habits traditionnels. L'Aïd El Fitr revêt aussi pour les Tlemcéniens une signification particulière. C'est l'occasion de se recueillir aux cimetières sur les tombes des parents disparus. « La visite des cimetières est l'une des pratiques rituelles tlemcéniennes.

Dès le réveil, les hommes se rendent à la mosquée pour effectuer la prière de l'Aïd. Au retour, ils s'attablent autour de tables garnies d'une panoplie de gâteaux en compagnie de tous les parents, épouses, enfants et petits-enfants pour un copieux petit déjeuner dans la gaîté et la sérénité.

Les parents se dirigent vers le cimetière de Sidi-Senouci pour se recueillir à la mémoire des proches disparus », indique Hadj Mustapha de la rue de Paris. Il y a lieu de noter que l'entrée principale de ce grand cimetière (dont les allées centrales et secondaires sont bordées de cyprès plus que centenaires, larges et ombragées) où sont enterrés de nombreuses générations ainsi que des personnalités d'une ville plusieurs fois millénaire, a été totalement aménagée pour permettre un accès plus facile. Cependant l'absence de parkings dans les alentours pose toujours un grand problème aux nombreux automobilistes qui ne trouvent pas parfois où stationner leurs véhicules.