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Selon Gaïd Salah: L'institution militaire ne nourrit «aucune ambition politique»

par Moncef Wafi

  Le chef d'état-major de l'ANP a encore une fois évoqué la justice en indiquant qu'elle s'est affranchie de ses commanditaires. De Ouargla, le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, a souligné dans son allocution «que la libération de la justice de toutes les formes de contraintes, de diktats et de pression, lui a permis d'exercer ses missions en toute liberté et d'assainir le pays de la corruption et des prédateurs».

Le vice-ministre de la Défense reconnaît explicitement que le travail de l'appareil judiciaire était sérieusement entravé et devait composer avec les pressions exercées d'en haut. Un constat établi par tous les Algériens qui n'ont jamais cessé de dénoncer l'instrumentalisation de la justice au profit du clan Bouteflika et de ses cercles les plus rapprochés. Faut-il alors voir dans la déclaration de Gaïd la convocation d'anciens ministres qui se sont succédé au département de la Justice sous le règne Bouteflika ? Auparavant, il avait salué la lutte contre la corruption et évoqué de nombreux dossiers «lourds» et «dangereux» impliquant d'anciens hauts responsables politiques et hommes d'affaires. Mais pour le chef d'état-major, l'émancipation de la justice n'est pas du goût de la «bande» dont «les porte-voix et les apôtres tentent de saborder cette noble démarche». Selon lui, elle essaye d'induire en erreur l'opinion publique nationale en prétendant que «le jugement des corrupteurs ne constitue pas une priorité, mais il y a lieu de le surseoir jusqu'à l'élection d'un nouveau président de la République qui se chargera de juger ces prédateurs». Une manœuvre, ajoute-t-il, «est d'essayer par tous les moyens d'entraver» le travail de la justice pour «permettre aux têtes de la bande et à leurs acolytes» d'échapper à son emprise.

Pour lui encore, la vigilance de l'institution militaire a «mis en échec ces complots et conspirations». Par ailleurs, il a réitéré son engagement personnel «auquel je ne renoncerai jamais», à accompagner le peuple algérien, «de manière rationnelle, sincère et franche, dans ses marches pacifiques et matures». A ce propos, il affirme «en toute clarté» que l'institution militaire ne nourrit «aucune ambition politique mis à part servir notre pays conformément à nos missions constitutionnelles et le voir prospère et en sécurité». Gaïd Salah ajoute que «nous avons affirmé à maintes reprises que la responsabilité est un poids que ceux qui le portent doivent l'assumer devant Allah, devant leur patrie et eux-mêmes, tout au long de la période de l'accomplissement de leurs missions, conformément aux prérogatives qui leur sont assignées par la loi, et ce en toute intégrité, fidélité et loyauté envers le serment. Ces prérogatives dont ils ne peuvent en dévier, en aucun cas et se doivent d'œuvrer à exécuter leur devoir, sans négligence ni pressions en veillant à respecter les exigences de la hiérarchie fonctionnelle, et faire aboutir leurs actions de manière convenable et de faire en sorte que leur parcours professionnel soit caractérisé par une bonne performance».