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Déclaration du chef du gouvernement marocain à propos de l'Algérie: Rabat dément

par Moncef Wafi

Rabat a nié, vendredi dernier, toute déclaration officielle de son chef du gouvernement à propos de la situation actuelle de l'Algérie. Le porte-parole du gouvernement marocain, Mustapha Al-Khalfi, et dans une déclaration à l'agence officielle marocaine MAP, a déclaré que Saâd-Eddine El Othmani « n'a fait aucune déclaration officielle concernant l'Algérie voisine et n'exprimait aucune position du gouvernement marocain», précisant que le chef du gouvernement marocain a seulement exprimé son souhait de la réouverture de la frontière entre les deux pays». Une déclaration qu'il a faite lors d'une discussion privée en marge d'un Iftar, rapporte le site marocain d'information francophone Le360. Le démenti a pour objet la dépêche publiée par l'agence turque Anadolu qui indiquait, jeudi, en citant le chef du gouvernement marocain, que le Maroc espérait l'ouverture des frontières terrestres communes fermées depuis 1994. «La logique veut que, la première décision que va prendre la nouvelle équipe dirigeante en Algérie, est la réouverture des frontières avec le Maroc», a-t-il dit. «Avec la nouvelle équipe dirigeante en Algérie, au moins nous espérons trouver avec elle des solutions et qu'elle n'adoptera pas le même comportement hostile vis-à-vis du Maroc», a confié le chef du gouvernement marocain, à Anadolu, selon une source ayant assisté à la conférence de presse organisée, mercredi soir, par El Othmani au niveau de sa résidence officielle à Rabat, et à laquelle il a invité quelques journalistes. Selon la même source, El Othmani a également déclaré que «les anciens dirigeants étaient très hostiles à l'égard du Maroc», estimant que «les relations ne seront pas pires qu'avant la chute du pouvoir du président Abdelaziz Bouteflika».

Pour le moment, aucune réaction officielle d'Alger n'a été enregistrée à propos de cette sortie médiatique de quelqu'un qui est coutumier des dérapages diplomatiques. En effet, Saâd-Eddine El Othmani, alors fraîchement désigné à la tête de la diplomatie marocaine dans le gouvernement Benkirane I, décidait, sur une initiative personnelle, de réserver son premier voyage à l'étranger à l'Algérie, rapportait Yabiladi. com, un autre site marocain d'information. Il avait proposé à son homologue algérien, Mourad Medelci, de tenir une réunion tous les six mois au niveau des ministres des Affaires étrangères pour évaluer les relations tant sur le plan bilatéral que maghrébin et la relance de la commission mixte en panne depuis 1994. Deux mois après sa visite, ajoute la même source, il se rend à l'évidence que son déplacement fut un échec. Devant les membres de la commission des Affaires étrangères, de la Défense nationale, des Affaires islamiques et des Marocains résidant à l'étranger, à la Chambre des représentants, il reconnaissait que les indicateurs « ne permettent pas d'annoncer une normalisation imminente entre les deux pays ». En juin 2013, toujours ministre des Affaires étrangères, il profite de la tenue d'une session de la commission mixte maroco-koweitienne pour rencontrer, en présence de l'ambassadeur du royaume, des membres d'une délégation des Frères musulmans conduite par le député Walid Mossaid Tabtabaï. Presque deux semaines avant qu'il ne quitte le gouvernement lors du remaniement ministériel du 10 octobre 2013, il est l'auteur d'une autre polémique au siège des Nations Unies à New York. Le 22 décembre, le quotidien Haaretz révélait qu'El Othmani était parmi les ministres arabes conviés à une conférence animée par la ministre israélienne de la Justice Tzipi Livni sur les chances de paix au Moyen-Orient. Il commence par démentir la nouvelle, qualifiant les affirmations du journal israélien de «mensonges ». Puis, il admet sa présence à l'événement mais seulement durant le dîner ayant précédé l'intervention de Livni.

Devenu entre-temps chef du gouvernement, le 26 septembre 2018 à New York, il rencontre le chef de la diplomatie du Kosovo. Celui-ci affirme même qu'El Othmani lui a promis une reconnaissance de l'indépendance de la province par le royaume. Une fois de plus, il dément par un tweet toute rencontre avec le ministre des Affaires étrangères du Kosovo, Behgjet Pacolli, mais sans vraiment convaincre.