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Le stand-by

par Kamal Guerroua

Que la politique est ennuyeuse en Algérie ! Les médias, l'Internet, les réseaux sociaux aussi parfois, sinon peut-être toujours ! Mais posons-nous la question de savoir si cet ennui est intrinsèque ou s'il n'est que la conséquence d'un usage excessif de la surenchère et de la démagogie, ces derniers jours.

Nos politiques ont-ils bien saisi le message de cette rue qui leur demande clairement de plier bagage et de partir ? Et la rue a-t-elle décrypté le double langage, les mensonges ainsi que les retournements de veste de ceux qui l'ont toujours trompée et espèrent encore la tromper ? Entre les deux, les médias disent-ils tous la vérité ou sont-ils en train d'entretenir cette pièce de théâtre qui se joue sous nos yeux ? Et que savons-nous des coulisses du Palais d'El-Mouradia et surtout de ces fameux « décideurs », toujours tapis dans l'ombre ? Il est clair que si la fronde anti-système a rassemblé tous les Algériens autour du même mot d'ordre « dégage !» approfondissant les lézardes d'une nomenklatura qui nage en pleine scoumoune, il n'en demeure pas moins qu'elle a instillé quelques doutes et inquiétudes sur le chemin à emprunter dans l'avenir. En ce sens, le mouvement du hirak qui, jusqu'ici, n'a ni représentants officiels ni porte-parole attitrés, va négocier avec qui et comment, tant que, de l'autre côté de la rive, tout est presque resté fixe, inerte, flou et au même niveau que sous le règne de Bouteflika ?

Et cet exécutif «illégitime» qui bat de l'aile va, lui aussi, négocier avec qui et comment, tant que de l'autre côté de la rive, il n'y a qu'une immense foule bigarrée qui le vomit et le voue aux gémonies ? Voilà le nœud du problème ! Si le pouvoir a lâché un peu de lest, en sacrifiant Bouteflika et Belaïz, puis en ouvrant maintenant des dossiers de corruption, ses intentions réelles restent confuses.

En tout cas, la situation politique se complique furieusement dans notre pays alors que le chef d'état-major, au demeurant «le dernier des Mohicans» du système bouteflikien déchu et censé être comme l'unique voix du régime profond, continue de communiquer via des discours, interprétés diversement de part et d'autre. Autrement dit, personne ne sait vers quel côté penche l'aiguille de la balance de ce dernier, dans la mesure où, tantôt il affirme soutenir les revendications légitimes du peuple, tantôt il avertit, sous forme de conseil «paternaliste», au cas où il continue de s'attaquer aux représentants de l'exécutif partis sur des visites de terrain ! Ces tiraillements, d'un côté comme de l'autre, ouvrent à vrai dire le passage à un long stand-by, qui risque malheureusement de durer longtemps !